[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Lionel Rosso

3 décembre | Actualités |
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Lionel Rosso | Allyteams

Crédit photo : Ledroit-Perrin

Lionel Rosso est un journaliste sportif français de radio et de télévision. Grand reporter à Europe 1 durant dix ans, il a ensuite rejoint Canal+ où il a présenté notamment Jour de Foot. Il a reçu le prix du commentateur sportif de l'année en 2001.

***

 

Lionel, pourrais-tu résumer ta carrière de journaliste ?

C’est une longue carrière de plus de
30 ans. Pour synthétiser, je ne me destinais pas à cette carrière. Je voulais devenir footballeur professionnel puis, n’ayant pu réussir, j’ai souhaité devenir animateur.

Le journalisme de sport est venu
par hasard mais cela m’a permis d’exprimer ma passion et mes envies. J’ai progressé, puis j’ai travaillé et écumé les médias entre la région Lorraine, le Maroc et Paris pour travailler notamment à Europe 1, RTL, Canal+, l’Équipe, les Chaînes d’info (BFM TV,
LCI, etc.). Au total, cela représente une dizaine de radios et de chaînes de télévision ainsi que des milliers d’heures de direct.

Pourrais-tu nous parler de ta deuxième activité professionnelle ?

Je suis salarié depuis 11 ans de la Française des Jeux. J’ai été embauché pour développer des contenus éditoriaux en matière de paris sportifs.

Mon poste a évolué avec le temps et j’ai, à ce jour, principalement trois missions : la production du contenu éditorial (vidéos, émissions, accompagnement en interne et en externe, de la publicité sur des programmes que la FDJ peut sponsoriser), l’animation d’évènements, de conférences de presse, et le conseil et l’accompagnement pour la prise de parole (media-training, gestion de prise de parole, communication).

En ta qualité de journaliste, quel regard portes-tu sur le milieu sportif ?

Le milieu sportif a beaucoup évolué notamment en matière de communication. J’ai la chance d’avoir connu une époque où nous pouvions avoir une réelle proximité avec les joueurs ; nous pouvions les approcher, les interviewer et même entrer dans les vestiaires et dans les chambres d’hôtel, puis les joindre facilement au téléphone.

Aujourd’hui, ils sont dans une tour d’ivoire, protégés, hermétiques et fermés à la communication. Ils se méfient des journalistes, sans doute, de manière justifiée car il y a eu parfois des mauvaises surprises avec certains confrères. Les joueurs et les journalistes ne sont donc plus des partenaires mais plutôt des adversaires.

Il y a aussi les attachés de presse qui contrôlent la parole et qui la distribuent également et, enfin, il y a aussi les réseaux sociaux sur lesquels les sportifs s’expriment.

Nous sommes donc dans une ère de communication totalement différente et métamorphosée.

Quelles sont les qualités qui, selon toi, permettraient aux sportifs de haut niveau une bonne intégration en entreprise ?

À mon sens, la qualité principale est le mental, car les sportifs ont le goût et l’habitude de l’effort, de l'entraînement pour arriver à un résultat et cela passe surtout par le mental, c’est-à-dire la force de persuasion, la capacité de s’auto-persuader qu’ils peuvent y arriver.

C’est d’ailleurs ce qui leur a permis de faire une carrière de haut niveau car beaucoup aimeraient embrasser une telle carrière mais soit ils n’ont pas les prédispositions physiques, soit ils n’ont pas le petit supplément d’âme qui fait la différence. C’est justement ce qui distingue un sportif de haut niveau et un sportif du dimanche.

Dans le monde de l’entreprise, le sportif peut mettre à disposition sa force mentale, ce petit plus qui fait qu’on va se sublimer, avoir la bonne idée ou travailler dans le bon sens sans se disperser pour réussir à proposer quelque chose de cohérent et performant.

Que manque-t-il, selon toi, aux sportifs pour intégrer dans de bonnes conditions le monde de l’entreprise lorsqu’ils mettent un terme à leur carrière ?

Il leur manque parfois, et c’est du cas par cas, les codes de l’entreprise car ils ont été dans un quotidien précis, particulier, répétitif et le monde de l’entreprise ne ressemble pas à ce qu’ils ont connu dès lors qu’il y a des gens très différents, avec des objectifs différents, et auxquels on ne demande pas la même chose. C’est donc la découverte d’un nouveau terrain de jeu et il faut s’adapter lorsque pendant des années le sportif a toujours eu le même rituel : s’entrainer tous les jours, se préparer à la compétition, etc. Il est alors nécessaire de réussir à les adapter à un nouveau quotidien.

Tu as récemment publié un ouvrage « 5 jours pour (bien) parler en public », portant sur la prise de parole. Pourrais-tu expliquer la méthode que tu préconises et le type de public visé ?

Cet ouvrage vise tous les publics et je fais du sur-mesure en fonction de la demande et des besoins. Les demandes d’accompagnement viennent d’un public très varié : du chef d’entreprise à l’étudiant en passant par l’enseignant, pour ne citer qu’eux. J’enseigne la prise de parole en interview, en réunion, en séminaire, etc.

S’agissant de la méthode, je m’appuie sur mes expériences professionnelles et les adapte au grand public. Je me sers donc des outils pédagogiques et journalistiques afin de les mettre à disposition de mes interlocuteurs.

As-tu l’occasion de former des sportifs à la prise de parole en public ?

J’ai bien sûr l’occasion de former des sportifs, notamment des cyclistes et des footballeurs. De nombreux cyclistes qui cherchent à se former notamment par rapport à leur image pour avoir la capacité de garder, que ce soit dans un cadre de victoire ou de défaite une image digne qui défende aussi leurs sponsors car, quand ils défendent un maillot, ils défendent également une marque.

J’ai également eu l’occasion de former des sportifs qui ont pu être, à une certaine période de leur carrière,

concernés par des affaires de dopage ou soumis à des questions sur le dopage. Ce sujet étant extrêmement complexe, il était important que ces coureurs aient des astuces face à ce type de sujets en ayant la bonne parole sans pour autant la refuser.

Les sportifs font-ils appel à tes services pour préparer leur reconversion ?

Ce n’est pas arrivé directement mais j’ai cependant eu à le faire par l’intermédiaire d’entreprises qui souhaitaient engager des sportifs, soit de manière permanente, soit pour une période déterminée, et ils m’ont demandé de les accompagner pour que leur prise de parole soit meilleure pour défendre les valeurs de l’entreprise.

Tes interventions peuvent-elles se faire devant un grand public ?

Je fais des interventions en entreprise devant l’ensemble des collaborateurs car la méthode peut évidemment se présenter et s’appliquer devant un très large public. Cependant, en termes d’efficacité, il est toujours plus efficace de travailler en one-to-one pour faire du sur-mesure. En individuel, il faut compter une journée de travail.

Que diriais-tu à un DRH qui hésite à recruter un sportif ?

De ne pas hésiter et d’avoir un esprit sportif aussi en se disant que quelle que soit la décision qu’il prendra, elle sera la bonne.

Quand on est sportif et qu’on s’engage dans une compétition, on ne connait pas le résultat à l’avance mais on a l’impression d’avoir tous les arguments, tout mis en œuvre et en place pour arriver le premier.

Cette façon de penser en entreprise est une réelle valeur ajoutée. C’est important d’avoir des personnes qui sont programmées pour cela car, aujourd’hui, a contrario, beaucoup de collaborateurs dans une entreprise n’ont pas cela à l’esprit et ce sont des suiveurs. Le sportif peut-être un leader de par sa personnalité, quel que soit son rôle dans l’entreprise, et tirer les autres membres de l’équipe vers le haut.

Le mot de la fin

Aujourd’hui, tout est communication, que ce soit dans le monde sportif ou dans celui de l’entreprise. La faculté de communiquer est une pierre précieuse qui appartient à chacun. Nous avons tous cette richesse en nous. C’est une forme de charisme que nous devons travailler et, chacun à notre niveau, nous pouvons continuer à progresser.

La communication, aujourd’hui, que ce soit pour défendre une marque, se défendre soi-même ou se vendre, est capitale.

***

 

LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

  • d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
  • de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
  • culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
  • au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
  • d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.