L'interview de Elodie Clouvel
Elodie est une athlète internationale française spécialiste du pentathlon moderne. Vice-championne olympique en 2016, elle a intégré la Gendarmerie nationale et l'Armée de Champions qui l'aident dans son prochain défi : décrocher l'or à Tokyo et/ou à Paris en 2024.
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Elodie, comment êtes-vous arrivée au pentathlon ?
J’ai commencé le pentathlon très tard, à 20 ans. J’ai débuté ma carrière sportive par la natation. Mais à l’âge de 19 ans, en échouant à me qualifier pour les Jeux Olympiques de 2008, j’ai compris que je n’arriverais pas à réaliser mon rêve de devenir championne olympique. J’avais la chance d’avoir eu d’excellents entraîneurs, d’être en Equipe de France juniors et de m’entraîner avec Philippe Lucas. Cependant, j’étais arrivée à saturation de la natation. Au moment où j’ai songé à tout arrêter, la Fédération Française de Triathlon ainsi que celle de Pentathlon se sont rapprochées de moi afin de me proposer de les rejoindre. J’avais été championne de France de cross en 2007 et, maîtrisant déjà la natation et la course, mon profil les intéressait.
Pourquoi avoir finalement opté pour le pentathlon ?
J’avais envie de repartir de zéro, d’une page blanche. Le pentathlon est composé de 5 disciplines (la natation, la course à pied, l’escrime, l’équitation, le tir ndlr). Je n’avais jamais pratiqué ni l’escrime, ni le tir, ni l’équitation mais ce défi me plaisait. C’est donc en septembre 2008 que j’ai intégré l’INSEP pour pratiquer le pentathlon.
Ce choix s’est avéré judicieux au regard de votre palmarès actuel.
Je ne sais pas si l’on peut parler de choix judicieux mais le pentathlon moderne m’a permis en effet de vivre de belles expériences et de remporter des médailles. J’ai ainsi remporté plusieurs titres mondiaux et européens au cours des dernières années mais l’étape la plus marquante pour moi reste le titre de vice-championne olympique en 2016, à Rio. Je suis donc très heureuse du chemin parcouru depuis 12 ans et de m’être épanouie avec cette discipline.
Quel serait votre objectif sportif aujourd’hui ?
On ne se refait pas. J’ai toujours rêvé d’un titre olympique. C’est une obsession... et donc mon objectif pour Tokyo en 2020 et Paris en 2024. Un titre olympique à Paris serait une belle manière de mettre un terme à ma carrière et je fais tout pour me donner les moyens d’y parvenir.
N’avez-vous pas eu peur à 20 ans de vous lancer dans un sport que vous ne maîtrisiez pas ?
C’est un grand changement surtout à 20 ans dans le sport. Mais mon besoin de changement était plus important que l’appréhension que je ressentais. Quand j’ai annoncé à mon entraîneur et au DTN en 2008, lorsque j’ai débuté le pentathlon, que j’avais en tête les Jeux Olympiques de Londres et que mon objectif était de me qualifier pour ces JO, ils m’ont tout de suite alertée sur le fait que cet objectif serait extrêmement compliqué à atteindre, le pentathlon étant un sport d’expérience. Mais ils croyaient en moi, ce qui m’a permis de progresser très vite et d’enchaîner les bonnes performances. Avec le pentathlon, j’ai appris à reprendre du plaisir dans ma pratique sportive et j’en ai fait mon moteur au fil des ans.
Quelles sont les qualités que requiert le pentathlon moderne ?
C’est un sport qui mobilise toutes les qualités d’un sportif. C’est à fois physique, mental et technique. C’est donc un sport très complet qui nécessite une très grande capacité d’adaptation que ce soit aux différentes disciplines ou à l’environnement. Par exemple, il faut avoir la capacité de passer du tir à la course, c’est-à-dire de la concentration et de la maîtrise de soi à une épreuve beaucoup plus physique et explosive. J’apprends tous les jours sur moi-même en pratiquant ce sport et c’est ce qui me plait.
Quelles sont, selon vous, vos clés de réussite dans ce sport ?
Je dois en grande partie ma réussite à mes qualités physiques, car la natation reste ma spécialité et je suis également très à l’aise en course. En escrime, en équitation et en tir, je progresse de jours en jours grâce au travail réalisé avec mon entraîneur s’agissant de la partie technique, mais également de la partie mentale.
Je travaille autant sur le plan mental que sur le plan physique au quotidien car le mental et le physique sont indissociables. Il n’est donc pas possible de maîtriser parfaitement les 5 disciplines, et donc de gagner un pentathlon, si nous ne sommes pas dans les meilleures dispositions dans ces deux domaines.
Vous êtes également lieutenant de gendarmerie. Pourriez-vous nous parler de cette activité ?
J’ai un contrat avec la gendarmerie et, plus particulièrement, avec l’Armée de Champions. L’armée me soutient financièrement depuis 2012, ce qui me permet d’être totalement sereine dans la pratique de mon sport.
La contrepartie de ce soutien financier est la représentation de la gendarmerie lors des compétitions internationales. Je viens d’ailleurs de remporter les Jeux mondiaux miliaires et suis extrêmement fière de ce titre et de pouvoir porter haut les couleurs de la Gendarmerie nationale. Remporter des titres sous les couleurs de la Gendarmerie, c’est ma façon de remercier cette institution de son soutien sans faille depuis 2012 grâce auquel je peux me concentrer toute l’année uniquement sur ma pratique sportive.
Pourriez-vous expliquer ce qu’est l’Armée de Champions ?
L’Armée de Champions est née à la suite de la disparition du Bataillon de Joinville en 2002. Elle accueille des sportifs de haut niveau intégrés sous contrat militaire ou civil avec le Ministère des Armées. C’est une véritable opportunité pour nous car nous bénéficions d’un emploi avec un salaire mensuel. Cela nous permet de vivre de notre sport tout en étant accompagnés par l’Armée de Champions et de pouvoir bénéficier de formations professionnelles.
Cette organisation regroupe aujourd’hui près d’une centaine de sportifs français de plusieurs disciplines. En plus des compétitions militaires, nous avons également plusieurs regroupements nationaux dans l’année avec tous les membres de l’Armée de Champions. Ces regroupements nous permettent de créer un véritable lien entre nous.
En pentathlon moderne, nous sommes trois athlètes français à être membres de l’Armée de Champions.
Savez-vous ce que vous voudriez faire au terme de votre carrière sportive ?
J’ai souvent penser au métier d’actrice. J’ai d’ailleurs suivi pendant trois années les cours Simon et j’ai un coach avec lequel je travaille. Mais aujourd’hui je reste concentrée à 100% sur ma pratique sportive.
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