[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Elea-Mariama Diarra

24 juillet | Actualités | Simon BOYPA
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Elea-Mariama Diarra | Allyteams

Elea-Mariama Diarra est une athlète pratiquant le 400m. Plusieurs fois mé- daillée aux championnats d’Europe en relais et qualifiée deux fois aux Jeux Olympiques, elle tentera la passe de trois à Tokyo. Diplômée d’un master en communication, elle souhaite se lancer dans l'entrepreneuriat .

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Comment êtes-vous devenue sportive professionnelle ?

J’ai commencé l’athlétisme à 10 ans et je pratique mon sport à haut niveau depuis l’âge de 18 ans, âge auquel j’ai eu ma première sélection en équipe de France jeune. C’est cette première sélection qui m’a fait basculer dans le très haut niveau et m’a donné l’envie de m’entraîner encore plus et d’obtenir un emploi du temps aménagé après le baccalauréat.

Quelles ont été pour vous les étapes les plus importantes de votre carrière sportive ?

En 2011, j’ai gagné mon premier titre au championnat de France Elite, puis j’ai connu par la suite ma première sélection en Équipe de France senior lors des championnats du monde de Daegu en Corée du Sud. Ma participation aux Jeux Olympiques l’année suivante en qualité de remplaçante dans le 4x400m a également été une étape très importante pour moi. Même si je n’ai pas couru, j’ai beaucoup appris.

Par la suite, j’ai connu une période de blessures entre 2013 et 2014 en raison d’une mononucléose puis en 2015 à cause de tendinites récurrentes qui ont nécessité une opération. J’ai néanmoins pu devenir championne d’Europe en 2015 en salle avec le relais 4x400m en 2015 et surtout récupérer mon titre de championne de France en 2017 et être à nouveau championne d’Europe du relais 4x400m en 2018.

La succession de ces périodes de blessures et de ces temps forts m’a appris qu’il ne fallait jamais rien lâcher.

Quels sont vos objectifs pour la suite de votre carrière ?

Les Jeux Olympiques de 2020 bien sûr ! Nous avions connu une véritable déception en Équipe de France aux Jeux Olympiques de Rio en n’étant pas qualifiées pour la finale. Le sélectionneur ayant fait le choix de me préserver pour la finale je n’avais pas couru. Les Jeux de 2020 seront donc particulièrement importants. Je me prépare également pour les championnats d’Europe à Paris en août 2020. Après ces deux objectifs, j’envisage de mettre un terme à ma carrière.

Comment avez-vous géré sport et études pendant votre carrière ?

Mon double parcours sport et études s’est relativement bien passé car j’ai eu la chance de bénéficier d’un certain nombre d’aménagements. Mon emploi du temps a été aménagé dès mon entrée en première dans dans un lycée à Villeurbanne.

J’ai souhaité suivre un DUT Techniques de Commercialisation. Aucun aménagement n’était normalement prévu mais la Directrice de la formation à laquelle j’ai expliqué mon projet a pourtant réussi à obtenir un aménagement de mon emploi du temps pour concilier la pratique de mon sport et mes études. J’ai donc pu préparer mon diplôme en trois ans au lieu de deux et tout s’est très bien passé.

Par la suite, je suis partie aux États-Unis pendant un an. Les États-Unis, sont vraiment le « royaume du sport et des études ». Les étudiants vont en cours le matin et à l’entraînement l’après-midi.

A mon retour en France, j’ai intégré une école de commerce. Une fois encore, même si aucun aménagement n’était prévu dans l’organisation de la formation, la Direction a parfaitement compris mon projet et j’ai effectué

un Master 1 « commerce international » puis un Master 2 « communication et stratégie des marques » avec un emploi du temps aménagé.

Pourriez-vous nous en dire plus sur votre année aux États-Unis ?

Je n’y allais pas forcément pour l’athlétisme ni pour mes études mais davantage pour la découverte
et l’apprentissage de la langue. Cependant, j’ai été agréablement surprise de la mentalité et de l’état d’esprit des athlètes. J’ai découvert des méthodes d’entraînement différentes ainsi qu’une réelle adaptation de l’organisation à leurs besoins. Nous avions toute l’après-midi pour nous entraîner car les séances commençaient à 15h30 pour finir à 19 heures, alors que très souvent, en France, il faut s’entrainer le soir, après toute une journée de cours.

De plus, l’athlétisme est vraiment vu aux États-Unis comme un sport d’équipe contrairement à la vision que l’on en a trop souvent en France. Aux États-Unis, chaque athlète fait partie intégrante d’une équipe. Nous représentions ensemble l’équipe de l’université. Nous nous entraînions tous ensemble. Lors des relais, les athlètes échangent leurs disciplines. Les athlètes spécialistes du 100 mètres n’hésitent pas à venir courir sur 400 mètres et inversement. L’esprit d’équipe est donc beaucoup plus important qu’en France. J’ai beaucoup apprécié cette approche.

Avez-vous déjà une activité professionnelle en parallèle de votre carrière sportive ?

Je n’ai pas d’activité professionnelle depuis fin 2016, ce qui correspond à l’obtention de mon Master 2. Il s’agit d’un choix de ma part car il est assez difficile dans le monde du commerce et de la communication de trouver un emploi à temps partiel. Je souhaitais aussi me consacrer pleinement à l’athlétisme au cours de ces années qui seraient les dernières de ma carrière. J’ai connu un certain nombre de blessures au cours de celle-ci et je souhaitais gérer au mieux mon corps et ma récupération pour les dernières échéances importantes que je m’étais fixées individuellement et que nous avions fixées avec l’Equipe de France.

Je n’ai pas totalement abandonné mon projet professionnel car je travaille sur le contenu de conférences en entreprise que je pense proposer après ma carrière sportive et je continue de me former également en naturopathie.

Comment voyez-vous l’année 2021 qui sera sûrement votre première année « d’après-carrière » ?

C’est forcément angoissant de se dire qu’il va falloir tout arrêter et rentrer dans la vie professionnelle lorsque l’on a consacré toute sa vie à un sport comme moi avec l’athlétisme mais je m’efforce de ne pas trop penser à cet aspect des choses afin que cela ne me détourne pas de mon projet sportif pour lequel je me consacre à 100 %.

J’ai des idées bien sûr ! J’aimerais être entrepreneur. C’est une belle manière de continuer dans les mêmes valeurs que celles du sport : avoir un objectif, tout mettre en place pour l’atteindre, avoir cette incertitude du résultat. Je pense pouvoir retrouver dans l’entrepreneuriat ce côté challenge. Lors de mes stages en entreprise, j’ai constaté que le salariat n’était peut-être pas la forme de travail qui me correspondait le mieux. Pour autant, je ne suis pas totalement fermée à un poste en entreprise si l’occasion se présentait, mais il me semble qu’il me faudrait un management plutôt horizontal que vertical pour pleinement m’épanouir.

Savez-vous dans quel(s) secteur(s) d’activité(s) vous aimeriez vous lancer ?

J’ai toujours pensé qu’il fallait être ouvert aux opportunités et celles-ci naissaient des rencontres, mais je suis sensibilisée à l’écoresponsabilité, l’écologie et j’aimerais pouvoir agir dans ces secteurs.

Avec le recul, selon vous, que vous a apporté la pratique de l’athlétisme à haut niveau ?

Beaucoup de choses ! J’ai appris l’importance du travail, de se fixer des objectifs et de tout donner pour les atteindre, la persévérance etc...

Mais c’est en évoluant en équipe que j’ai le plus appris. J’avais un état d’esprit individuel au départ c’est pour cela d’ailleurs que j’ai choisi un sport individuel. J‘ai finalement compris que je ne réussirai pas seule. J’ai donc appris à travailler en équipe. J’ai d’ailleurs une très bonne équipe qui m’accompagne au niveau du coaching, du staff médical, de mon club.

Le relais n‘est pas quelque chose de naturel chez les athlètes car on forme une équipe avec ses concurrentes de toute l’année et c’est intéressant en termes de gestion de l’humain.

En France, nous avons bien réussi à générer ce collectif ces dernières années.

 

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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

  • d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
  • de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
  • culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
  • au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
  • d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.