L'interview de Agnès Crochemar-Galou

29 mai | Actualités | Sylvain CALLEJON
L'interview de Agnès Crochemar-Galou | Allyteams

Agnès est une joueuse de volley-ball et de beach-volley. Elle a évolué au Stade Français au niveau élite la saison 2018-2019. Docteur en pharmacie, elle exerce aujourd'hui en officine et a créé Natiyé, marque de soins sportifs naturels à base de plantes des Antilles.

***

 

Pourriez-vous nous résumer votre carrière sportive ?

Ma carrière sportive est un peu atypique. J’ai commencé à jouer au volley-ball à l’âge de 15 ans en Guadeloupe. Comme je faisais près d’un mètre quatre-vingt et déjà très sportive puisque j’avais pratiqué de nombreuses années l’athlétisme, j’ai vite intégré la sélection de la Guadeloupe. Tous les dimanches et les vacances scolaires, nous enchaînions entraînements et matchs de préparation. C’est à ce moment que j’ai découvert ce qu’était le volley-ball en compétition. J’ai continué le volley en arrivant à Paris. Nous étions alors, avec les filles de l’équipe, un groupe de copines soudé qui prenait avant tout du plaisir sur le terrain. Rien ne nous arrêtait. Nous avons vécu 2 montées consécutives de départemental à prénational (Régional 2 à l’époque) avec le SCUF, club familial situé dans le Nord de Paris.

À ce moment, j’ai commencé à rêver à plus. Je me souviens m’être dit : « tu as 25 ans; si tu veux jouer à plus haut niveau, c’est maintenant ». J’ai alors décidé de quitter mon confort pour aller taper à la porte de la division supérieure. J’ai fait plusieurs tests et, sans trop y croire, envoyé un mail au Stade Français qui recherchait des profils de joueuses comme le mien en écrivant : « Bonjour, je sais que je n’ai pas encore le niveau mais j’ai envie d’apprendre et je sais que vous recherchez. Alors, au cas où, n’hésitez pas à me recontacter ». C’est ainsi que je suis arrivée, en 2014, dans l’équipe de National 2 pour finir, après une saison exceptionnelle et inattendue, par évoluer en Élite la saison 2018-2019 qui est le dernier niveau amateur avant le statut professionnel.

Comment avez-vous géré études et sport de haut niveau ?

Cela n’a jamais été simple. Il m’a fallu faire une pause dans le volley lors de mon année de première car mon lycée était trop loin de mon domicile et je devais me concentrer sur mes études qui étaient très importantes pour mes parents. Je me sentais toutefois soutenue par mon environnement familial et, tout particulièrement, par mon grand-père dans la pratique du volley. Je ne suis pas issue d’une famille de sportifs mais mon grand-père était Président du club de football de ma ville et comprenait l’intérêt de la pratique sportive.

Après avoir obtenu mon baccalauréat, je me suis rendue à Paris pour passer le concours de pharmacie. Cela passait par une année de prépa et une charge de travail très importante. Ma seule échappatoire à la densité de travail était l’entraînement de volley-ball du vendredi soir. C’était le seul soir où je m’accordais un répit dans mes révisions. Cela m’a aussi permis de découvrir une nouvelle famille et c’est très important lorsqu’on vient des îles et que l’on arrive à Paris. Lorsque j’étais sur le terrain, je ne pensais plus qu’à ce qui se passait sur le terrain et à rien d’autre. C’était donc une façon de m’évader, de me défouler, peu importe la journée éprouvante ou les tonnes de molécules chimiques qu’il me restait à apprendre.

Quelle est votre activité professionnelle aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je suis pharmacienne adjointe et travaille dans une petite officine très atypique du 11ème arrondissement de Paris. J’adore me former et cela tourne beaucoup autour du sport (DU en sport santé, en nutrition du sportif, en aromathérapie) car je pense qu’en tant que professionnels de santé, nous avons encore un rôle important à jouer pour la prise en charge du sportif.

Pourriez-vous nous parler du Laboratoire Natiyé et des produits que vous développez ?

Natiyé est une marque de soins sportifs naturels à base de plantes des Antilles. Natiyé vient de « Nature », « Antilles » et « Papyier », surnom que je donnais à mon grand-père qui a eu une place très mportante dans ma vie. La gamme Natiyé comporte deux produits : un soin de préparation à l’effort, LINAMOUV, à base de Bois d’Inde de Guadeloupe et d’extrait de piment bio qui chauffe, ainsi qu’un gel de récupération sportive, GEL BEROM, rafraîchissant et relaxant à base de Bois d’Inde de Guadeloupe et de Mélisse. Les soins ont une formule 100 % naturelle et sont dépourvus de tout ingrédient controversé ou de tout conservateur. Ils possèdent également un emballage anti-gaspillage. Tout est « made in France ». Le but était d’avoir une formule saine, épurée et efficace pour accompagner toute pratique sportive.

Comment avez-vous eu l’idée de ce Laboratoire ?

L'idée est tout simplement venue d'un besoin. Avec 3 à 4 entraînements par semaine, sans compter les matchs le week-end, j'avais beaucoup de tensions musculaires et de douleurs. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas utiliser des anti-inflammatoires ou crèmes à base de camphre tous les jours sur la durée. J’ai donc commencé à chercher des crèmes et des produits de soins naturels. Travaillant dans une pharmacie, j’ai pu en tester beaucoup et je me rendais compte qu'il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Parfois, le produit était décrit comme naturel mais je ne comprenais pas la formule et la composition. D’autres fois, le packaging n'était pas du tout adapté à un sac de sportif. J'ai donc décidé de créer les soins Natiyé en développant les formules et les tests à partir de janvier 2017. C'est en septembre de la même année que j'ai créé la société. Les ventes ont, quant à elles, débuté en octobre 2018 en ligne (www.laboratoire- natiye.fr) et dans certaines pharmacies.

Quel parallèle faites-vous entre l’entrepreneuriat et le sport de haut niveau ?

L'entrepreneuriat est une aventure fabuleuse et très riche. Elle pousse à se dépasser, mais aussi à croire en soi et parfois à se lancer sans trop réfléchir. Le sport, c'est pareil. Il faut beaucoup de travail pour arriver à des performances et ne jamais abandonner malgré les hauts et les bas. C’est aussi accepter parfois de perdre pour se remettre en question et travailler plus dur pour la prochaine fois. Tout comme le sportif, l’entrepreneur vivra des réussites et des échecs à la suite desquels il doit savoir rebondir.

Le mot de la fin ?

Osons le monde de demain ! Osons rêver grand et aller jusqu'au bout.

***

 

LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

  • d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
  • de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
  • culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
  • au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
  • d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.