[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Charlotte Girard-Fabre

10 septembre | Actualités
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Charlotte Girard-Fabre | Allyteams

Arbitre internationale de hockey sur glace, Charlotte a participé deux fois aux Jeux Olympiques en 2014 et 2018. Femme engagée, elle intervient en entreprise sur les thématiques de la prise de décision, la gestion des conflits et la gestion du temps.

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Charlotte, comment êtes-vous devenue arbitre de hockey sur glace ?

J’ai pratiqué plusieurs sports avant de découvrir le hockey sur glace qui a été ma passion première et ultime. J’ai commencé à l’âge de 9 ans, puis joué à Tours et à Angers. J’ai également eu l’occasion de jouer en Equipe de France et au Canada au sein d’une équipe universitaire.

À la suite de ma carrière de joueuse, je suis devenue arbitre de hockey sur glace. J’ai participé à six championnats du monde, deux Jeux Olympiques ainsi que de nombreuses compétitions internationales.

Comment avez-vous géré carrière sportive et études ?

J’ai rapidement fait le choix de me focaliser sur ma carrière sportive. J’ai le niveau DEUG STAPS mais préféré, avant de le valider, partir jouer au Canada.

J’ai l’habitude de dire que j’ai préféré réaliser mon rêve plutôt que réaliser un long parcours universitaire.
À mon retour en France, je me suis mise à travailler en entreprise en parallèle de ma carrière sportive. À cette époque, si j’ai tenté de mener un double projet sport de haut niveau et études, j’ai très vite constaté que je n’avais pas les ressources financières pour mener les deux de front et mon emploi du temps ne me permettait pas de trouver un emploi pour financer mes études.

Comment réussissiez-vous à gérer votre emploi en entreprise et votre carrière sportive ?

J’ai vite constaté que la vie de l’entreprise n’était pas adaptée pour mener de front une carrière sportive à haut niveau. J’ai donc toujours fait mes choix professionnels en fonction de ma vie sportive. Je suis consciente que ce choix m’a coupé d’opportunités très intéressantes mais j’avais des objectifs olympiques et ils étaient ma priorité.

Je n’ai donc pas toujours trouvé des« jobs de rêve » ; certains étaient seulement alimentaires, mais j’ai toujours eu de quoi vivre et j’ai toujours pu participer aux compétitions.

Quelle est votre activité professionnelle aujourd’hui ?

J’ai mis un terme à ma carrière sportive l’an dernier. J’ai décidé à 38 ans de faire passer mes choix professionnels avant mes choix sportifs ; j’arbitre toujours mais à un niveau moindre.

Je suis consultante en entreprise, à mon compte. Je fais des keynotes : cela va de la conférence à l’atelier de développement personnel sur le leadership, des formations, etc.

Lors de vos interventions en entreprises, quels sont les messages que vous souhaitez faire passer ?

Les grands thèmes que j‘aborde sont liés à mon expertise acquise dans le sport de haut niveau avec le transfert de compétences de la sphère sportive à la sphère professionnelle. J’interviens donc principalement sur la prise de décision, la gestion des conflits et la gestion du temps, des sujets que je maîtrise parfaitement au regard de ma carrière d’arbitre internationale. J’ai aussi un engagement fort sur l’accès des femmes aux responsabilités, donc j’interviens également sur ce thème.

Pourquoi avoir décidé de vous lancer à votre compte ?

À la fin de ma carrière sportive, j’ai obtenu de nombreux entretiens en entreprise qui se sont bien passés, mais mon profil atypique avec un double cursus sportif et professionnel à 38 ans a fait reculer les recruteurs.

À mon sens, beaucoup de recruteurs pensent que les anciens sportifs pourraient créer des ornières dans lesquelles les collaborateurs pourraient tomber. Je me suis donc mise à mon compte car cette manière de travailler me permet plus de flexibilité.

Constatez-vous, depuis que vous intervenez en entreprise, une évolution des mentalités ?

Je n’ai, à ce jour, pas noté une grande évolution de la mentalité des entreprises. L’image du sportif est
belle à valoriser mais il y a une réelle peur d’engager des sportifs, puis une méconnaissance de ces profils et donc une absence de prise en compte de leur diversité.

La plupart des entreprises ont encore une image du sportif très réduite, c’est- à-dire une personne qui aime les défis mais qui ne sait pas faire autre chose que du sport.

Cependant, toutes les entreprises n’en sont pas au même stade. Les entreprises qui ont un « mindset » anglo-saxon sont davantage portées sur la compétence que sur le diplôme et naturellement plus ouvertes aux profils de sportifs de haut niveau.

Cette manière de penser fonctionne bien avec le sportif qui, pendant sa carrière, n’a connu qu’une reconnaissance et une valorisation par la compétence : dans le sport, c’est toujours celui qui court le plus vite qui va en finale.

En revanche, dans les entreprises franco-françaises qui, encore aujourd’hui, gardent un amour du diplôme, le manque de diversité est criant car elles continuent de recruter des profils qui se ressemblent et ressemblent à ceux en poste depuis des années.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un DRH venant de recruter un sportif dans son entreprise ?

Je lui donnerais comme conseil de penser à accompagner le sportif afin que ce dernier trouve rapidement
sa place dans son équipe et, plus largement, dans l’entreprise. Le sportif est câblé différemment du salarié lambda. Il faut donc un temps d’adaptation mais, avec un simple accompagnement, le sportif peut très rapidement trouver sa place auprès des collaborateurs du fait de sa capacité d’adaptation au-dessus de la moyenne.

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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

  • d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
  • de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
  • culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
  • au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
  • d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.