[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Sébastien Séjean

19 novembre | Actualités
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Sébastien Séjean | Allyteams

Sébastien est un ancien joueur de football américain. Champion d’Europe avec l'Equipe de France en 2018, il est le 4ème français à avoir signé un contrat en NFL aux États-Unis. Après avoir mis un terme à sa carrière sportive, il travaille aujourd'hui en tant que security manager chez Tiffany & Co.

 

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Sébastien, comment avez-vous choisi de pratiquer le football américain ?

J’ai grandi en région parisienne et, comme les copains de mon quartier, j’ai testé plusieurs sports collectifs
ou individuels. Mais quand j’ai eu l’opportunité de découvrir le football américain j’ai eu un déclic ! J’ai tout de suite accroché avec ce sport et n’ai jamais arrêté de le pratiquer à partir de ce moment. Cependant, avant de pratiquer le football américain à haut niveau, il faut remplir certaines conditions notamment en termes de niveau d’études car, dans un sport américain, le sportif et le scolaire sont très liés.

J’ai eu l’opportunité de jouer en Équipe de France junior, d’intégrer un Pôle France, puis de bénéficier d’une bourse d’études me permettant d’aller étudier au Canada. Cette opportunité m’a permis d’intégrer la NFL qui est la plus grande ligue au monde en football américain.

Pourriez-vous décrire votre passage à l’université en Amérique du Nord ?


Aux États-Unis, sport et études sont indissociables. En France, nous sommes un pays de sport de « culture ». En Amérique du Nord, le sport est « d’éducation ». Il est utilisé pour éduquer les enfants et est intégré dans la société dès le plus jeune âge. La dissociation entre sport et études ne se fait jamais contrairement à la France où le système fait qu’il faut faire un choix et que lorsque les études sont privilégiées, il peut être compliqué de pratiquer son sport à très haut niveau dans des conditions optimales. Au contraire, le système américain oblige, pour jouer à un niveau professionnel, d’être à l’université et les résultats universitaires font partie du suivi réalisé par le club pour lequel nous jouons.

Dans mon cas, tout en pratiquant le football américain à haut niveau, je poursuivais donc mes études à l’université. J’ai étudié les sciences sociales, sciences de l’éducation et la gérontologie pendant quatre ans à l’université à Laval au Canada, dans la partie québécoise dans le cadre d’un programme universitaire me
permettant la pratique du football américain à haut niveau.

Pourriez-vous décrire le fonctionnement des équipes universitaires en football américain ?

Pour avoir une équipe compétitive dans le circuit universitaire, il est nécessaire que celle-ci dispose de 40% de son effectif de joueurs de 3ème année. Cela veut dire que la plupart des joueurs qui intègrent des programmes universitaires américains ne jouent pas pendant leur première année universitaire.

Il faut également savoir qu’il n’est pas possible d’être recruté dans une équipe universitaire américaine en tant que joueur si l'on ne répond pas aux critères académiques. La pratique du sport à très haut niveau en high school ou outre-atlantique en sport étude aide les étudiants & athlètes à intégrer le système universitaire Nord américain, ceci grâce à des bourses d’études, évitant au sportif de payer les frais de scolarité ainsi que les frais de logement. Ces bourses d’études sont prises en charge par les sponsors, souvent des entreprises d’anciens étudiants de l’université ou qui ont des intérêts dans l’université.

Le modèle français pourrait-il s’inspirer du modèle américain ?

Je ne pense pas car ces deux modèles ne sont pas comparables. Les différences sont trop importantes et surtout le sport n’est pas vu sous le même prisme. Par conséquent, il me semble complexe d’imaginer que la France puisse copier à l’identique le modèle américain.

Je peux également vous parler du modèle allemand, pays dans lequel j’ai joué, qui est un modèle européen très différent du modèle français.

Le système français fonctionne en grande partie avec les subventions publiques (territoriales et nationales). Chaque fédération reconnue par le gouvernement reçoit des subventions dont le montant varie en fonction du poids de ces fédérations. Par conséquent, dans notre pays, la planification financière de chaque club, et notamment amateur, est réalisée à partir des subventions reçues par l’État et le secteur privé n’intervient qu’à la marge. Au contraire, en Allemagne, l’argent public ne finance pas le sport. C’est le secteur privé qui subventionne toutes les activités sportives. C’est ce qui explique notamment pourquoi les clubs allemands, dans certains sports, ont des maillots remplis de logos de sponsors. En Allemagne, le sport fait également partie intégrante de la vie des gens et de l’éducation. L’approche du sport ressemble donc davantage à celle qui existe aux Etats-Unis.

Quelle est votre activité professionnelle actuelle ?

J’ai mis un terme à ma carrière l’année dernière mais j’avais déjà commencé à travailler en parallèle, il y a 5 ans, lorsque je suis arrivé en Allemagne. J’avais en effet ancipité mon après- carrière grâce à mes études aux États- Unis et j’ai eu l’opportunité de rejoindre la société Abercrombie & Fitch et de finalement intégrer le département Sûreté, Sécurité et Opérations.

Actuellement, je travaille en France pour la société de joaillerie Tiffany & Co au sein de laquelle j’occupe le poste de Security Manager pour la zone France, Benelux et Suisse.

Que vous a apporté le sport et que vous utilisez aujourd’hui dans votre activité professionnelle ?

C’est une question intéressante car elle peut paraître simple au premier abord mais il est parfois compliqué pour un sportif de comprendre et de mettre des mots sur ce que le sport pratiqué tous les jours pendant des années lui apporte. En effet dans le monde sportif nous avons tendance à être des « robots » qui reproduisent constamment les mêmes rituels afin de pousser la performance à son maximum.

J’aime résumer ma carrière en une phrase pour montrer à quel point celle- ci m’a apporté : « le sport c’est l’école de la vie ».

Dans le monde du travail, nous sommes constamment mis au défi, notamment lorsqu’on exerce des fonctions de management. À mon sens, cela rejoint ce que nous vivons en qualité d’athlète mais nécessite tout de même une période d’adaptation.

Dans mon secteur professionnel, mon expérience sportive m’apporte car j’ai beaucoup de résilience. Lorsqu’un collaborateur m’interroge et a besoin d’une réponse, il arrive que je ne puisse pas la lui donner instantanément. Il faut alors faire preuve de résilience pour comprendre son besoin et être capable d’expliquer pourquoi il n’est pas possible de lui apporter la réponse immédiatement et quelles sont les solutions que nous allons mettre en œuvre pour y remédier.

C’est pareil dans le monde du sport. Lorsqu’un sportif suit une préparation en vue d’une échéance et qu’il se blesse, il est ralenti dans sa préparation mais doit tout de même faire de son mieux même si cette blessure l’a retardé et qu’il n'est donc pas à 100% de ses capacités.

En outre, il est nécessaire, dans la vie professionnelle, d’avoir le sens de l’observation et de l’analyse.

Ce sont des capacités que nous développons en qualité d’athlète car nous sommes à l’écoute de notre corps et de l’environnement.

En entreprise, il faut transposer ces capacités et réussir à être à l’écoute des collaborateurs mais également de l’environnement extérieur. La différence est que, dans le sport, nous sommes face à des gens qui ont la même passion, ce qui n’est pas le cas dans le monde de l’entreprise.

 

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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.