L'interview de Florence Masnada

10 juin | Actualités | Fanny RENOU
L'interview de Florence Masnada  | Allyteams

Florence est une ancienne skieuse, double médaillée aux Jeux Olympiques en 1992 et 1998. Après sa carrière sportive, elle devient consultante pour Eurosport et Europe 1 et conférencière en entreprise.

 

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Florence, pourriez-vous résumer votre carrière sportive ?

J’ai commencé le ski à 8 ans, assez tard finalement par rapport à d’autres skieurs de haut niveau. Mon père faisait du rugby et je n’habitais pas en montagne donc je n’étais pas prédestinée à une carrière de skieuse. C’est donc la passion qui explique mon parcours car j’ai tout de suite adoré le ski. La passion permet de progresser très vite et pour moi cela m’a permis à 15 ans d’intégrer l’Équipe de France sur des épreuves de coupe du monde. En 1992, j’ai décroché la médaille de bronze en combiné aux Jeux Olympiques d’Albertville, la même médaille en descente aux Jeux Olympiques de Nagano en 1998, puis une nouvelle médaille de bronze en combiné en 1999 aux championnats du monde aux États-Unis.

Avez-vous suivi des études pendant votre carrière de skieuse ?

Oui, j’ai suivi des études pendant ma carrière, ce qui était atypique dans le milieu car, à l’époque, cela se faisait peu, voire pas. J’ai passé ma première et ma terminale en une seule année à l’issue de laquelle j’ai réussi mon baccalauréat. Cette organisation m’a permis de ne pas perdre de temps. Ensuite, pendant toute ma carrière, j’ai continué les études notamment par correspondance, me permettant d’obtenir un diplôme d’anglais, puis d’enchaîner sur des études de commerce à l’EM Lyon. Cependant, à l’époque, les classes réservées aux sportifs de haut niveau et tous les aménagements pouvant exister aujourd’hui n’avaient pas encore été mis en place. Ce n’était donc pas simple de s’organiser.

Quelle organisation aviez-vous mis en place pour mener de front sport et études ?

Je profitais de mes blessures pour beaucoup travailler et faire des stages en entreprise. Comme quoi, il peut y avoir du positif dans les évènements négatifs. Lorsque j’étais en compétition, j’essayais de me réserver du temps également car, pour moi, c’était un réel besoin d’avoir autre chose que le ski afin de ne pas me focaliser uniquement sur mes performances, mes blessures, et cela me permettait de m’ouvrir à d’autres mondes. À l’époque, mes entraîneurs me disaient que je perdais mon temps, que je me dispersais, que je réfléchissais trop, et que je n’aurais dû faire que du ski. Mais j’étais persuadée de mon côté que c’était l’inverse. Le fait d’avoir d’autres activités que le ski m’épanouissait et me permettait de trouver un équilibre, de prendre du recul, de rencontrer d’autres personnes. De plus, lorsqu'il m'arrivait d'échouer sur une course ou que je me blessais, je savais que j’avais de la chance de faire de ma passion mon métier et je relativisais. Puis cela m’a ouvert à d’autres milieux. Je ne voulais pas rester dans le seul milieu du ski car je trouvais cela sclérosant.

Vous êtes toujours très implantée dans le milieu du ski. Avez-vous l’impression que le double projet (sport/études) s’est généralisé chez les skieurs ?

Généralisé peut-être pas mais cela s’est beaucoup plus ouvert, notamment car c’est plus aisé que par le passé. À mon époque, mener un double projet était presque impossible et cela n’était pas forcément bien vu. Aujourd’hui, entre le e-learning et les écoles qui ont créé des parcours adaptés et spécifiques aux sportifs de haut niveau, il y a de réelles possibilités pour les athlètes. De plus, je pense qu’il y a une réelle prise de conscience de la part des sportifs et de leur entourage qu’une carrière n’est jamais certaine, peut être éphémère, puis qu’il faudra nécessairement travailler au terme de celle-ci. Enfin, le double projet est également mieux accepté par l’encadrement des sportifs, ce qui n’était pas toujours le cas par le passé.

Quelles sont vos activités professionnelles aujourd’hui ?

Depuis que j’ai arrêté ma carrière, j’ai créé une entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL). J’ai notamment travaillé pour les Étoiles du Sport (programme de parrainage rassemblant d’anciens sportifs de haut niveau parrainant les espoirs du sport français ndlr) pendant de nombreuses années. Je fais également des interventions en entreprise, des animations et des conférences. Dans ce cadre, je n’hésite pas à faire un rapprochement entre le monde du sport de haut niveau et celui de l’entreprise, car de nombreux parallèles peuvent être faits. Je suis également consultante pour Eurosport. Je commente les courses de ski durant la période hivernale. J’ai également travaillé, à plusieurs reprises, dans le cadre des Jeux d’hiver et d’été avec le Comité Olympique sur les relations presse avec les médaillés. Cela consiste notamment à mettre en place et à organiser les différentes conférences de presse. Enfin, je travaille également avec la marque de thé et infusions « Les 2 Marmottes » sur différents évènements, puis avec la marque de ski « Atomic » en qualité d’Ambassadrice.

Vous êtes également très engagée et donnez de votre temps à plusieurs associations. Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, c’est une démarche importante pour moi. Je suis très sensible à l’écologie et engagée auprès de l’association « Du Flocon à la Vague » qui a notamment pour but d’expliquer aux enfants comment préserver l’eau en modifiant nos habitudes de vie. J’interviens également auprès de l’association « Étoiles des Neiges » qui propose des activités à des enfants atteints de mucoviscidose. Enfin, je soutiens aussi l’association « Réseau Ski Partenaire » qui a pour vocation d’accompagner des jeunes skieurs et les aider à obtenir des bourses car le ski est un sport onéreux et nous souhaitons, par cette association, éviter qu’il y ait une sélection par l’argent.

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Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.