[Livre Blanc Allyteams] L'interview de David Dalmasso

12 mai | Actualités
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de David Dalmasso | Allyteams

David est un tennisman français champion du monde en 2014. Chef d'entreprise, il dispense des formations relatives à la sécurité au travail ainsi qu'au handicap au sein de nombreux groupes et PME. Son prochain objectif : se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020.

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David, à quel moment votre carrière de tennisman a débuté ?

Le 9 octobre 2000, j’étais à l’arrière d’une benne à ordures ménagères et le camion a été percuté par une voiture, ce qui a causé mon accident du travail et l’amputation de ma jambe gauche. Avant cet accident, j’étais moniteur de tennis. Lorsque, quelques mois après mon accident, on m’a proposé le tennis fauteuil, j’ai refusé catégoriquement et ce, pendant 7 ans, car je me sentais toujours valide parce que je pouvais marcher avec ma prothèse. Cependant, au fil des années, j’ai connu une dégradation de mon état de santé, ce qui m’a conduit à être de plus en plus en fauteuil. Puis, en 2007, le responsable de la section handisport dans le Rhône m’a proposé d’essayer. J’ai testé quelques minutes pour lui faire plaisir et, depuis cette date, je n’ai jamais cessé de jouer.

Comment le tennis fauteuil est-il organisé ?

Nous avons des tournois parallèles aux tournois valides, notamment pour les Grands Chelems et les Masters 1000. Nous avons environ 160 tournois organisés par an dans le monde et choisissons ceux auxquels nous voulons participer. L’attribution des points de classement « ITF Wheelchair Tennis » est identique aux valides. Chaque semaine, le classement est remis à jour, et, dans la saison, les 9 meilleures performances sont conservées.

Bénéficiez-vous de « prize money » comme pour le tennis valide ?

Oui, le système est identique mais les montants ne sont pas les mêmes. À titre de comparaison, un tournoi « ITF 3 » en tennis fauteuil correspond à un tournoi « ATP 250 » chez les valides. En tennis fauteuil, le vainqueur remporte 1.200 euros (600 euros pour le finaliste) contrairement au tournoi valide ou le vainqueur remporte entre 120.000 et 150.000 euros.

Comment s’explique cette différence de dotation financière ?

Le tennis fauteuil n’a aucune valorisation médiatique. Les sponsors n’ont pas de visibilité et donc peu nous soutiennent. Pourtant, une saison de tennis fauteuil coûte autant qu’une saison de tennis valide, environ 40.000 euros.

Comment réussissez-vous à financer vos saisons depuis des années ?

Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir des sponsors qui m’ont longtemps suivi. J’ai eu mon accident du travail au sein du Groupe SUEZ qui m’a accompagné dès le départ, puis qui m’a mis en relation avec le Groupe ENGIE, très présent dans le tennis. Le Groupe APICIL m'a également soutenu durant toute ma carrière sportive.

J’ai donc bénéficié pendant plusieurs années de dotations de la part de mes sponsors me permettant de financer ma saison de tennis en totalité. Les primes que je gagnais lors des tournois me permettaient de me créer un petit revenu.

Cependant, j’ai perdu un sponsor l’an dernier, ce qui a eu pour conséquence de diviser mon budget par deux et cela a fortement impacté ma saison. J’ai participé à moins de tournois et obtenu de moins bons résultats. J’avais beaucoup de pression en arrivant sur les tournois car je savais que je n’avais pas le droit à l’erreur. J’ai également fait le choix, à contrecœur, de réduire mes déplacements avec l’Équipe de France, avec laquelle j’ai pourtant été champion du monde, car nous ne sommes pas rémunérés pour jouer avec l’Équipe de France, ce qui génère donc un coût à prendre en compte dans une saison.

Quels sont vos objectifs sportifs ?

Mon objectif est simple : je souhaite me qualifier pour les Jeux Paralympiques de 2020. Seuls les 4 premiers français partiront aux Jeux. À ce jour, à la suite de blessures récurrentes au dos depuis plus d’un an, je suis numéro 5 français. J’ai donc jusqu’au 8 juin 2020, date de la sélection, pour rentrer dans le top 4.

Je vais tout donner pour obtenir cette qualification. Elle serait l’aboutissement d’une belle carrière car j’ai déjà été champion du monde en 2014 et vice-champion du monde en 2015. Cependant, même si je ne réussissais pas à obtenir cette qualification, je n’aurai pas de regret. Je considérerai que c’est le destin. Ma carrière m’aura tout de même énormément apporté. Il sera alors peut-être temps pour moi d’y mettre un terme, tout en continuant à jouer pour le plaisir.

Vous êtes également chef d’entreprise. Pourriez-vous présenter votre société et ses activités ?

Je suis le Fondateur de la société PH-Evolution. Dans le cadre de celle-ci, j’organise avec mon associé StéphanePilot, des interventions auprès des salariés. Lors de celles-ci, je témoigne de mon accident, de la prévention et de la sécurité, mais nous abordons également un sujet peu pris en compte par l'entreprise : le post-accident et les conséquences qu’un accident tragique peut générer sur la vie professionnelle mais également sur la vie personnelle, ainsi que les conséquences financières qui en découlent. Cela fait maintenant plusieurs années que je développe ces ateliers de sensibilisation au sein de nombreuses entreprises en France, et notamment les groupes SUEZ, VEOLIA, ENGIE et EDF.

Ainsi, les interventions que nous proposons touchent notamment à la sensibilisation au handicap en milieu professionnel et à l’aspect sensibilisation, prévention à la sécurité au travail. Cependant, nous adaptons notre discours en fonction des souhaits et contraintes de chaque entreprise. Ces ateliers d’environ 1h à 1h30 se déroulent parfois devant des groupes de 10 personnes, mais nous faisons également des interventions en plénière devant 200 personnes.

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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

  • d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
  • de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
  • culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
  • au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
  • d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.