[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Mounir Biba
Mounir est un breaker français neuf fois champion du monde de breakdance. Il est l'ambassadeur de la discipline pour les Jeux Olympiques 2024 et mène également une carrière de coach en motivation et en développement personnel avec sa structure HWE « Hard Work, Easy everything »
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Mounir, pourriez-vous résumer votre carrière sportive ?
Ma carrière a débuté en 1997 lorsque j’ai découvert le breakdance. J’étais un autodidacte, dans une discipline non structurée. J’ai commencé quand même très vite à nourrir de grandes ambitions. J’ai participé à ma première compétition aux Pays-Bas en 2003 aux championnats du monde et j’ai terminé vice-champion du monde alors que j’étais un inconnu dans la discipline. Tout le monde a été surpris de cette performance, et moi le premier, mais ce résultat m’a permis de réaliser tout le potentiel que j’avais et ce dont j’étais capable. A partir de cette date, j’ai enchaîné les bons résultats, ce qui m’a permis de cumuler, à ce jour, 9 titres de champion du monde dont 8 par équipe et 1 en solitaire en 2012.
Pourriez-vous expliquer la structuration du breakdance ?
C’est une discipline dans laquelle les breakers fonctionnent en autogestion. Le terme « athlète » à proprement parler n’existe pas au breakdance. C’est l’inclusion prochaine aux Jeux Olympiques 2024, dont je suis l’un des principaux artisans aux côtés du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) Paris 2024, qui apporte un nouvel axe, plus sportif, au breakdance. Cependant, à ce jour, il n’y a pas de structure propre mais de l’autogestion, du travail associatif dans une discipline qui est née de la culture de proximité. C’est donc le terrain qui prime.
Il n’y a donc pas de Fédération du breakdance ?
Non, d’ailleurs la Fédération de la danse souhaite prendre la gestion du breakdance. Un tel rattachement serait délicat car le breakdance est une discipline qui a déjà 37 ans d’histoire en France, ses propres circuits qui fonctionnent très bien, et cette Fédération n’a aucun passif avec cette discipline. À mon sens, le seul but olympique ne peut donc pas suffire à ce que la discipline revienne de droit à cette Fédération.
Comment se gère cette absence de structure ?
En réalité, l’absence de structure depuis l’arrivée du breakdance en France a permis l’émergence d’initiatives individuelles de part et d’autre. Ces initiatives ont grandi au fur et à mesure du temps. Par exemple, beaucoup d’initiatives associatives ont débuté par des compétitions régionales pour aujourd’hui bénéficier d’une renommée nationale, voire internationale. Ce sont des initiatives individuelles, aux quatre coins du monde, qui ont permis l’émergence d’un circuit mondial. Au début des années 2000, Red Bull a investi sur la discipline en créant la plus grande compétition mondiale, le « Red Bull BC One ». Je suis d’ailleurs l’un des deux seuls français à avoir remporté cette compétition en 2012.
Vous êtes référent pour les Jeux Olympiques 2024 pour le breakdance. Quel est votre rôle ?
Mon rôle a d’abord été d’apporter les garanties à l’institution Paris 2024 que le breakdance avait sa place aux Jeux Olympiques et serait une grande réussite. Il s’agissait donc d’un rôle important car la décision du COJO d’ajouter ou non la discipline sur la liste des sports aux JO dépendait en partie des garanties que je leur apportais. J’avais également pour rôle de leur apporter des informations sur la gestion et la structuration nationale et internationale de la discipline. Dans un second temps, j’ai été chargé de défendre le choix du COJO auprès des médias nationaux, puis de le défendre aux côtés du COJO lors de la 134ème session du Comité International Olympique (CIO), à Lausanne. Dans ce cadre, je suis intervenu oralement devant tous les membres du CIO qui ont ensuite voté à l’unanimité l’entrée du breakdance aux JO de Paris 2024. Aujourd’hui, ma mission de référent se poursuit et mon rôle est de faire connaître au plus large public ce qu’est le breakdance afin de préparer la réussite de ce projet olympique.
À titre personnel, comment avez-vous géré de front votre carrière sportive et professionnelle ?
Jusqu’en 2006, en plus de mes entraînements d’environ 6 heures par jour, 7 jours sur 7, je donnais une dizaine d’heures de cours de danse. À cette date, j’ai intégré le plus grand groupe au monde « Vagabond Crew » qui bénéficiait déjà d’une renommée internationale. J’ai alors commencé à beaucoup plus voyager. Un peu plus tard, grâce à mon palmarès et mon expérience, je suis devenu en parallèle juge de compétions nationales et internationales. J’ai été sollicité pour partager mon expérience à l’international. Cela fait donc maintenant 13 ans que je vis du breakdance en étant jury dans les championnats du monde et en donnant également des stages, depuis 2013, dans le monde entier.
Je vis également de mon activité de coaching portant sur le développement personnel, la motivation et la préparation mentale auprès d’athlètes, d’entreprises, d’étudiants. Cette dernière activité me permet de partager mon expérience, moi qui suis parti de la rue pour devenir champion du monde, et aujourd’hui amener ma discipline aux Jeux Olympiques. J’essaie donc de partager cette expérience pour inspirer toutes les personnes devant lesquelles j’interviens et leur donner des clés pour atteindre les objectifs professionnels, personnels ou sportifs qu’elles se sont fixées.
Comment préparez-vous vos interventions en entreprise ?
Je prends le temps de m’entretenir avec l’entreprise pour connaître ses problématiques, ses ambitions, de manière à comprendre l’environnement de chacune. Tous les secteurs d’activités ne sont pas confrontés aux mêmes difficultés et enjeux. Dans un même secteur d’activité, les problématiques peuvent évoluer en fonction de la taille de l’entreprise et de sa structuration. Une fois ce premier travail d’analyse réalisé, je peux adapter mon discours en fonction de l’objectif de l’entreprise dans laquelle j’interviens.
Que vous a apporté le breakdance dans votre activité professionnelle de coaching ?
La première des choses que le breakdance m’a apporté est une confiance absolue, le fait de n’avoir aucune limite et de vouloir progresser au quotidien. J’applique ces mêmes principes tous les jours dans mes activités professionnelles. Je crois en l’impossible et ne me fixe aucune limite car je suis persuadé que tout est possible.
Ma pratique sportive m’a également permis de tisser un réseau international car j’interviens aujourd’hui dans près de 60 pays dans le monde. En outre, le fait d’être un référent dans mon domaine et de travailler sur le projet olympique me permet de continuer à me créer un réseau important et d’avoir de multiples connexions avec des mondes différents.
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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)
Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.
Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :
- d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
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- culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
- au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
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Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.