[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Lilian Goux

14 janvier | Actualités
[Livre Blanc Allyteams] L'interview de Lilian Goux | Allyteams

Ancien sportif de haut niveau en BMX, Lilian a fait partie du circuit mondial pendant plusieurs années et a notamment été vainqueur du Challenge Européen en 2007. Il est maintenant Business Partner Data au sein de LinkValue & DataWok, sociétés de conseils et d'expertises spécialisées dans la DATA.

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Lilian, pourriez-vous nous rappeler votre parcours de sportif ?

J’ai été sportif de haut niveau en BMX pendant 15 ans et j’ai roulé sur le circuit mondial pendant 5 ans. Ces 5 années au plus haut niveau ont été un rêve d’enfant et la récompense d’années de travail et d’investissement.

Pendant ces 5 années, je me suis consacré pleinement à mon sport. Hélas, à l’époque, je ne pouvais pas bénéficier du statut de professionnel. Je vivais donc de mon sport grâce aux primes des sponsors, aux aides du club, et j’étais également entraîneur de BMX.

Durant ma carrière, j'ai remporté le Challenge Européen, puis j’ai couru au plus haut niveau existant (DN1). J’ai eu la chance de courir dans la même équipe que Laëtitia Le Corguillé, vice- championne olympique. Nous nous rendions dans une dizaine de pays par an dans le cadre de nos compétitions.

Durant votre carrière, songiez-vous à l’après ?

Je suis quelqu’un d’entier ; j’étais extrêmement investi dans ma carrière sportive et j’avais pour seule envie de faire du BMX mais mon père, qui connaît parfaitement le monde du vélo, m’a toujours préservé en me rappelant, à de nombreuses reprises, qu’il y avait une vie après le sport.

Malgré cela, je n’avais pas conscience de cette après-carrière car j’avais autour de moi mes amis, ma famille, mon entraîneur, et ma vie s’organisait autour du vélo. Je me suis retrouvé à 18 ans à voyager dans une dizaine de pays par an pour des compétitions et, contrairement à mes amis étudiants, je gagnais un peu d’argent grâce à mon sport. Mais la vie m’a vite rattrapé. Je voyais mes amis commencer à travailler et à construire leur vie. C’est ce qui m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je prépare mon après- carrière.

Concomitamment, malgré tout mon investissement, j’ai compris que j’avais atteint le plus haut niveau auquel je pouvais prétendre et que je n’avais pas les capacités de réaliser mon rêve et de décrocher une médaille olympique. J’ai donc compris qu’il fallait que je

commence à préparer la suite de ma vie.

Quel choix avez-vous fait pour votre après-carrière ?

J’ai souhaité commencer la reconversion dans le domaine que je connaissais le mieux, c’est-à-dire le cyclisme.

Je me suis donc orienté vers un Brevet d’État Option Cyclisme, puis un diplôme universitaire en gestion des

organisations sportives. En qualité de sportif de haut niveau, j’avais toujours la possibilité de pratiquer mon sport car je suivais les cours à distance et j’allais à l’université une fois par trimestre pour les examens.

Avec ce diplôme, mon objectif était de me perfectionner en gestion d’entraînement afin de devenir entraîneur.

Pourquoi avoir choisi de rester dans le monde du cyclisme ?

Avec le recul, je pense pouvoir dire que j’ai choisi ce domaine car c’était le plus simple. J’avais déjà entraîné pendant plusieurs années des enfants dans mon club en parallèle de mes compétitions, j’aimais le BMX, j’en faisais depuis une quinzaine d’années donc cela m’a paru logique de poursuivre dans ce domaine.Cependant, très vite je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que je recherchais et que je prenais de moins en moins de plaisir à entraîner. Je suis donc passé par une importante phase de remise en question lors de laquelle je me suis demandé si rester dans le monde du BMX était vraiment ce que
je voulais faire, si je pouvais en sortir après y avoir consacré 15 ans de ma vie et m’être toujours présenté comme un sportif de haut niveau.

Pourquoi avoir finalement fait le choix de vous diriger vers le commerce ?

J’avais envie de trouver un domaine qui me plaisait, d’aller au travail avec le sourire et également de retrouver le goût du challenge que j’avais lorsque j’étais sportif de haut niveau.

Je pensais pouvoir trouver tous ces ingrédients dans le domaine du commerce. J’ai alors intégré, à 23
ans, une école de commerce en alternance. J’ai eu la chance qu’un de mes anciens sponsors m’intègre en qualité d’alternant pour développer des pièces de vélo. J’avais une parfaite connaissance technique du fait de ma carrière de sportif et une légitimité qui me permettaient d’apporter une plus-value. En outre, j’avais encore des connexions dans le sport, ce qui me permettait de faire tester des pièces.

Nous avons alors créé une société dont j’étais le co-fondateur et nous sommes partis 3 semaines en Asie pour « sourcer » puis créer des pièces et des marques et en parallèle je passais mon Bachelor.

Je me suis alors rapidement rendu compte que j’étais moins à l’aise avec la partie purement commerciale de démarchage auprès des magasins
et des différents interlocuteurs et que j’avais beaucoup à apprendre.

Quelle fut votre première expérience professionnelle après l’acquisition de votre diplôme ?

Après l’obtention de mon diplôme, et même si ma société fonctionnait, j’ai ressenti le besoin de sortir définitivement du vélo et de m’enlever cette étiquette d’ancien sportif de haut niveau.

J’aifaitunesaisonenqualitédeskiman avec pour objectif d’économiser de l’argent et de partir à l’étranger perfectionner mon anglais. Je n’avais aucune responsabilité dans ce travail et je me suis alors rendu compte que j’étais fait pour un métier dans lequel je serais challengé quotidiennement et que je pourrais exercer avec passion afin de m’épanouir.

Un mois avant la fin de saison, www.alltricks.com, un important e-commerçant m’a appelé pour m’indiquer que la société ouvrait une marketplace et qu’il cherchait un profil pour faire du développement commercial.

Cet employeur m’a fait confiance même si j’avais peu d’expérience professionnelle parce qu’il était persuadé qu’en qualité d’ancien sportif de haut niveau j’avais le goût du challenge et les capacités pour relever le défi proposé.

C’était une belle opportunité pour moi car cela me faisait découvrir le domaine du digital que je ne connaissais pas. Dans ce travail j’avais pour rôle de développer la plateforme en intégrant un maximum de vendeurs et de produits. Ce poste m’a aidé à comprendre que le monde du sport était derrière moi et que je pouvais m’épanouir dans un autre domaine.

Comment êtes-vous passé d’Alltricks à la société Lincoln ?

Tout s’est parfaitement déroulé pendant plusieurs années au sein d’Alltricks. Cependant, je n’avais pas de grandesperspectivesd’évolutionsurce poste. Puis j’ai rencontré une personne qui est aujourd’hui mon Directeur opérationnel chez Lincoln et qui m’a proposé le projet de devenir Ingénieur d’affaires.

Il a alors pris le temps de m’expliquer ce qu’est un Ingénieur commercial dans le domaine du conseil et plus particulièrement de la data. Nous avons eu un très bon feeling et il m’a indiqué qu’il était persuadé qu’ayant été sportif j’avais acquis des compétences que je pourrai mettre à profit dans ce travail

Il m’a convaincu et je me suis donc engagé au sein de la société Lincoln.

Votre poste d’Ingénieur d’Affaires vous convient-il ?

En tant qu’Ingénieur d’affaires, j’ai trouvé ce que je cherchais. Je me lève, j’ai le sourire. J’ai des challenges et des objectifs quotidiens et, plus je m’engage, plus j’ai des résultats et donc une reconnaissance professionnelle et financière. En outre, j’ai la chance que mon N+1 me fasse confiance
et soit présent pour m’apporter son expérience, ce qui me permet de me perfectionner dans mon métier et dans mon rôle de manager.

Votre carrière d’ancien sportif vous aide-t-elle sur la partie management ?

Aujourd’hui, je manage environ 25 consultants qui ont pour vocation de partir en mission et pour lesquels je dois trouver des clients ainsi que les manager tout au long de leur carrière chez Lincoln.

Je ne sais pas si c’est le sport qui m’aide ou si c’est juste ma personnalité. Cependant je retrouve des qualités que j’ai développées en tant qu’entraîneur notamment lorsqu’il s’agissait de suivre les consultants et de faire des points réguliers avec chacun d’entre eux. Cela demande de s’adapter aux différents profils car certains consultants sortent d’études et d’autres sont en fin de carrière.

Avez-vous eu l‘occasion d'aborder l'après-carrière avec d’autres sportifs ou anciens sportifs ?

Non, pas du tout, et c’est notamment pour cela que j’ai souhaité témoigner dans ce livre car si j’ai été entouré de ma famille, je n’ai pas eu la chance de l’être par le monde du sport et je me suis donc retrouvé seul face à mes questions et à mes doutes.

Si vous étiez face à un DRH qui hésitait à recruter un sportif, que lui diriez- vous ?

De tenter le recrutement sans hésiter et de faire confiance à la personne recrutée. Je suis persuadé que le fait d’avoir été sportif est un vrai plus. Lincoln m’a fait confiance notamment pour cela.

Certes, un sportif a un parcours atypique, mais ce parcours peut s’expliquer et se valoriser devant un recruteur. Le sport de haut niveau apprend à gérer des contraintes, apporte de la rigueur et de l’adaptabilité qui sont des éléments clés dans le travail en entreprise.

En outre, nous sommes aujourd’hui dans un monde qui évolue extrêmement vite et qui nécessite une grande capacité d’adaptabilité professionnelle. Un sportif a déjà développé cette qualité dans sa carrière (gestion des compétitions, des blessures, de son environnement), c’est donc une réelle plus-value pour l’entreprise qui l’embauche.

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LIVRE BLANC L'EMPLOI DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU (lien de téléchargement)

Forte d’une communauté de plus de 2.500 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau et de dizaines d’entreprises partenaires, Allyteams a voulu donner la parole aux acteurs du monde du sport, de l’entreprise et de la formation.

Ce livre blanc est l'occasion de donner la parole à 33 sportifs ou ex-sportifs de haut niveau ainsi qu’à des cadres d’entreprise et des directeurs de formation dont les témoignages offrent une grande variété :

d’expériences dans différents secteurs d’activité au sein de PME ou de grandes entreprises;
de compétences techniques et entrepreneuriales : ressources humaines, digital, finance, commercial, communication, marketing, droit, etc.;
culturelle et internationale, notamment avec des entretiens de sportifs étrangers, mais aussi de sportifs nationaux au parcours international;
au niveau démographique, des âges (15 à 75 ans) et des genres;
d’expertise en matière d'accompagnement des sportifs avec l’apport de personnes expertes du sujet (notamment du côté des écoles ayant développées des programmes pour les sportifs).

Cette diversité témoigne du fait que chacun possède une partie de la solution aux problèmes de l’emploi et de l’employabilité des sportifs de haut niveau.