[Carnet de bord] Gaëlle Edon - para-tir
Gaëlle est double championne de France de para-tir et a participé au dernier championnat du monde de sa discipline. Elle est également étudiante en droit. Elle se confie sur son experience du dépassement de soi et sur son handicap.
Le dépassement de soi, un outil à utiliser sans modération…
Je considère le dépassement de soi comme une sortie de sa zone de confort. Se dépasser permet de se découvrir et se prouver que nous sommes en capacité de progresser, ce qui génère de la confiance et permet d’augmenter sa détermination.
Dans ma pratique sportive, lors d'une ascension, je dois repousser mes limites physiques en permanence en acceptant la fatigue, les courbatures et les douleurs pour atteindre le point culminant. Cette notion de zone de confort, je l’ai parfaitement assimilée lors de mon accident et du passage d’une situation valide à une situation de handicap, ce qui m’a contrainte à tout revoir et à penser autrement.
En tir, discipline que je pratique également, le dépassement de soi consiste en la mobilisation d’un niveau de concentration extrême afin de réaliser une performance. Dans cette discipline que j’aime définir comme « mentale », le moindre écart de concentration peut avoir pour conséquence de me placer en situation d’échec.
En montagne, le dépassement de soi se manifeste différemment, lorsque je me retrouve face à mon handicap dans des endroits escarpés, en haute altitude et que je n’ai d’autre choix que de me faire confiance et d'aller au-delà de mes limites pour atteindre les objectifs fixés.
Les exemples du tir et de la montagne illustrent parfaitement que le dépassement de soi impose une condition mentale aussi importante que physique.
Pour ma part, dans le cadre de la préparation mentale, je recours régulièrement à l'imagerie mentale que je considère comme un outil très efficace me permettant de visualiser les objectifs que je souhaite atteindre.
A titre d’illustration, lors de mon ascension du Mont-Kazbek (5047m d'altitude) en Géorgie en 2019, j'ai beaucoup utilisé cette méthode. Au-delà de la difficulté de l’ascension, les douleurs s'intensifiaient au fur et à mesure de la montée en raison de mon handicap. C’est à ce moment que j’ai fait appel à l’imagerie mentale et que je me suis imaginée marcher, doucement mais sûrement, sans aucune douleur, apercevant le sommet de plus en plus proche. Le fait de se concentrer sur cette image ne permet pas, bien sûr, de faire disparaître les douleurs mais de contraindre le cerveau y prêter une attention moindre.
Si cette technique m’est très utile en montage, je l’utilise également lors de mes compétitions de tir afin de réussir à maintenir ma concentration et mon niveau de confiance pendant un match d’une durée supérieure à l’heure. Dans cette situation, l’image sur laquelle j’aime me focaliser est celle d’un lion, calme et puissant, imposant par sa seule présence physique et craint de tous.