[Carnet de Bord] Hugo Chopineau - Natation

Hugo Chopineau, sportif de haut niveau en natation, nous parle de l'impact du confinement sur les nageurs de haut niveau.

L’exigence du sport de haut niveau

L’accès au sport de haut niveau est difficile, ce n’est un secret pour personne ! L'une des différences qu’il y a entre un sportif de « tous les jours » et un sportif de « haut niveau » est simple, c'est l’entrainement.

En effet, celui ou celle qui veut atteindre le haut niveau (ou qui l’a déjà atteint) est la personne qui a décidé de s’entraîner deux fois plus que ses concurrents.
C’est pour cela que l’accès est si difficile. En revanche, la « descente » (si on peut l’appeler comme ça) est très simple et rapide, ce qui est cruel dès que l’on atteint le haut niveau. Il suffit d’une blessure, ou comme actuellement une pandémie, pour retarder le travail effectué.

Un exemple pour illustrer mes propos. J’ai été sportif de haut niveau en natation eau libre (plusieurs titres de champion de France juniors, sélectionné à plusieurs reprises en équipe de France juniors), et j’ai connu cette « descente ».

Lors des championnats de France eau libre de 2016, j’ai contracté une crise d’appendicite pendant l’épreuve du 10KM, qui s’est donc terminée à l’hôpital ! Mon opération a eu lieu dans la foulée début juin 2016, et j'ai repris le chemin de l’entraînement qu’au début du mois de septembre 2016.

J’ai pu retrouver mon niveau d’avant opération qu’à partir du mois de février 2017. Pour les adaptes des mathématiques, vous aurez vite compris que pour 3 mois d’arrêt, tout le travail effectué auparavant aura été retardé de 6 mois.

Voilà pourquoi le haut niveau est si cruel, car il suffit d’un rien pour revenir au point de départ, surtout lorsqu’on pratique la natation !

Les conséquences du confinement sur les nageurs de haut niveau

Les conséquences du confinement sont extrêmement importantes pour les nageurs. En effet, la natation est un sport particulier qui nécessite des installations spécifiques afin de pouvoir s’entraîner. Or, durant ce confinement nous n’avions pas accès à ces infrastructures, et par conséquent nous étions dans l’impossibilité de poursuivre le travail dans « l’eau ».

Vous devez sûrement vous dire qu’il est possible de trouver un autre moyen pour s’entraîner et ne pas perdre tout le travail effectué. C’est vrai, mais uniquement si vous possédez une piscine à votre domicile !
Lorsque nous nageons, nous sommes en position horizontale (comme si vous étiez allongés sur le ventre) et les mouvements que nous effectuons ne peuvent être réalisés que dans l’eau. Il est impossible de reproduire ces mouvements en dehors d’une structure aquatique, à la différence de ceux qui pratiquent un autre sport, comme l’athlétisme, le cyclisme ou la boxe, pour ne citer que ces exemples.

Nous avons d’ailleurs vu sur les réseaux sociaux et dans les médias de nombreux sportifs de haut niveau s’adapter à la situation actuelle ; ceux qui ont troqué les pistes d’athlétisme pour le tapis de course à domicile ou pour le jogging dans la rue, ceux qui possèdent un « home trainer » pour continuer à pédaler etc.

Bien entendu, si ces sportifs ont aussi été fortement impactés par ce confinement, ils l’ont été, me semble-t-il, à une moindre échelle que les nageurs qui, eux, auront dû se contenter que de « préparation physique générale ». Si cette préparation est essentielle, elle ne comble pas le travail effectué quotidiennement dans l’eau.