[Carnet de bord] Paul Champin - rugby

1 juillet | Actualités | Fanny RENOU
[Carnet de bord] Paul Champin - rugby | Allyteams

Paul Champin, joueur au Stade Niçois Rugby, évoque les conséquences de la crise du COVID-19 qui nous  amènent à une prise de conscience sur la formation des sportifs de haut niveau.

Le sportif face à la crise pandémique

Cette crise pandémique a créé chez les sportives et sportifs des manques mais a également mis en lumière les faiblesses d’un système, ce qui m’amène à rappeler l’importance de l’accompagnement du sportif par le biais de la formation. Ce sont ces différents points que je souhaite mettre en lumière dans cette tribune.
 
Le manque quotidien du vestiaire - Pour de nombreux sportifs, la période de confinement n’a pas été aisée à gérer. Si certains ont pu profiter enfin de leurs proches après de nombreuses saisons-marathons, d’autres se sont retrouvés sans moyens corrects pour continuer à s’entraîner.
Au-delà de ces difficultés que je qualifierais de matérielles, cette période a fait naître chez plusieurs d’entre nous un manque cruel, celui du vestiaire.
Le vestiaire, cet endroit particulier où l’Homme se transforme en sportif, où la force du groupe transcende l’individu, où chacun peut s’exprimer avec authenticité et sans pudeur. Si les moyens de communication actuels ont permis de garder le lien, nul doute que chacun d’entre nous va apprécier retrouver son environnement de travail et ses coéquipiers afin de se surpasser de nouveau tous ensemble.
 
La fin de carrière abrégée - A l’opposé, au terme de la saison qui vient de s’achever prématurément, de nombreux sportifs n’ont pas pu quitter les terrains comme ils l’avaient imaginé. Choisir sa sortie est un luxe que seuls les grands maîtres du sport peuvent se permettre. Malheureusement, la crise du Covid-19 a écourté le temps restant sur l’aire de jeux pour de nombreux athlètes, à qui vont mes pensées.
Pour ceux qui devaient mettre un terme à leur carrière mais qui ont l’opportunité de prolonger, une question demeure. Doivent-ils réaliser une saison supplémentaire alors qu’ils étaient programmés pour arrêter dès cette année ?
A mon sens, le report des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 va nécessairement être un élément décisif dans la réflexion de plusieurs d’entre eux qui vont souhaiter tenter de mettre un terme à la fin de cette prochaine olympiade. Je pense notamment à Luc Abalo, l’ailier international du PSG Handball qui a finalement renoncé à prendre sa retraite sportive à l’issue de cette saison particulière et qui s’est engagé dans le club d’Elverum (Norvège) avec pour ambition une participation aux Jeux Olympiques l’été prochain.
 
La précarité du sportif en fin de contrat - L’arrêt de la totalité des championnats a eu une incidence dramatique pour certains sportifs qui se trouvaient en fin de contrat. Nous savons tous que les performances de fin d’année dans des matchs décisifs permettent souvent de se créer des opportunités, voire de rebondir sur un nouveau challenge.
Avec la crise actuelle, de nombreux sportifs risquent de se retrouver dans une situation précaire avec des clubs fortement impactés économiquement qui ne pourront proposer les conditions contractuelles souhaitées, et il faut garder à l’esprit que sauf pour les grands champions ou les sportifs confirmés, la majorité des joueurs professionnels peut se retrouver dans la précarité du jour au lendemain sans avoir pu l’anticiper. Nous devons tirer les conséquences de cette crise et enfin comprendre qu’il est alors indispensable de véritablement sensibiliser, et dès le plus jeune âge, les jeunes sportifs à leur après-carrière.
 
Le besoin urgent d’apprentissage de savoirs par le biais de la formation – Si les centres de formation obligent les futurs talents de demain à souscrire à une formation scolaire, ce n’est pas suffisant, celle-ci passant rapidement au second plan en cas d’excellentes performances sportives. Certains sont des cracks, d’autres des joueurs à fort potentiel ou des joueurs qualifiés qui ne franchiront jamais le pas du giron professionnel. La place de la formation doit permettre aux jeunes sportifs d’assurer leur avenir, de garder les pieds sur terre et de construire sereinement leur carrière.
Pour cela, il me paraît nécessaire que les acteurs publics tels que le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et le Ministère des Sports se mobilisent et s’entourent des bons interlocuteurs afin d’être en capacité d’offrir, dans le futur, de meilleures conditions pour la poursuite des études supérieures et d’être en mesure de proposer une offre qualitative, a minima égale à celle des écoles privées (de commerce notamment) pour les étudiants ayant le statut de sportif de haut niveau.

Mens sana in corpore sano…