[Carnet de Bord] Emilie Jaffeux - Tennis de table
Emilie Jaffeux est une sportive de haut niveau en tennis de table. Elle nous parle de burn-out chez les sportifs de haut niveau et nous explique comment l'éviter.
Le burn-out chez les sportifs de haut niveau : causes et remèdes
« Le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d’une personne à son travail. » - Le Figaro.
Le médical, l’agriculture, la justice... Là où le burn-out s’est révélé, il reste étonnamment un tabou dans le domaine sportif auprès des athlètes de haut niveau. Lorsque le sujet est abordé, y est quasiment toujours associé comme cause le surentraînement. En réalité, le burn-out chez les sportifs concerne, bien plus que la condition physique, la condition psychologique.
Pourquoi ?
Car le sportif doit toujours arriver en pôle position la compétition, en faisant face à la rivalité. Cette rivalité est partout, au sein d’une fédération, d’une équipe structure nationale, d’une équipe, d’un club, jusqu’à malheureusement pouvoir s’immiscer au sein d’amitiés dans certains cas.
En ce sens, le sportif perd toute notion d’émulation, et tombe dans le cycle infernal de la comparaison. Tout le monde se souvient des injustices faites au boxeur Alexis Vastine lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et ceux de Londres en 2012. Il qualifiait ses décisions de « cauchemar ». La compétition peut être cruelle et c’est de cette manière qu’elle peut nous mener vers le « fond ».
Évidemment, les blessures contribuent également à dégrader la condition morale d’un sportif.
Pourquoi moi ? Comment vais-je revenir ? Vais-je revenir un jour ? Les autres vont-ils me dépasser ? Toutes ces questions sont pertinentes dans le cadre d’un surpassement de soi, mais sont cependant improductives et constituent une vraie charge morale dans le cadre de la gestion d’une blessure.
Une autre raison, parfois insoupçonnée, est le manque familial. En tant que sportif de haut niveau, il n’est pas rare de rejoindre des structures à des centaines de kilomètres du domicile familial, et parfois dès le plus jeune âge. Les semaines et les week-ends sont alors rythmés par l’entraînement et les compétitions, et les retrouvailles en famille deviennent l’exception.
Sans cette échappatoire, le sport déborde sur la vie personnelle et ainsi, se place au sein de l’identité même de la personne. Je ne suis plus un fils, je ne suis plus un frère, je ne suis plus un petit-fils, je suis juste un sportif de haut niveau et je suis uniquement sport. En ce sens, le sportif de haut niveau ne déconnecte plus de son métier contrairement à ce que peuvent connaître la majorité des gens lorsqu’ils rentrent chez eux le soir.
Alors comment éviter le burn-out ?
Par l’écoute. De nombreuses initiatives ont été mise en place afin d’accompagner le sportif dans sa quête d’excellence sur le plan psychologique. Aujourd’hui, des équipes de psychologues et psychiatres sont déployées pour des suivis annuels.
En revanche, l’écoute est aussi pertinente lorsqu’elle vient de personnes davantage proches du sportif, comme l’entraîneur. Si ses fonctions sont avant tout d’ordre sportif, il doit être aussi un confident. Loin de l’idée d’une relation amicale, celle-ci se doit cependant d’être individuelle et honnête.
Loin des idées reçues, il n’y a pas de honte à expliquer que la fatigue est telle qu’un jour de repos serait nécessaire. L’entraîneur doit être en capacité de comprendre, d’épauler le sportif dans les mauvaises périodes en réussissant à mettre de côté l’aspect performance-à-tout-prix.
Enfin, l’écoute de soi est le meilleur remède au burn-out. Un sportif qui écoute son corps et sa tête aura la lucidité nécessaire à une bonne gestion de sa carrière et sera en mesure d’optimiser ses chances de performance.