[Carnet de bord] Gaëlle Mignot - rugby

20 juillet | Actualités | Fanny RENOU
[Carnet de bord] Gaëlle Mignot - rugby | Allyteams

Gaëlle est une sportive de haut niveau en rugby, ancienne capitaine de l'équipe de France de rugby. Elle revient sur l'impact de la crise sur les objectifs du sportif. 


La difficulté de garder une motivation quand on n'a pas de vision sur son avenir 

Nous avons tous, sans exception, été frappés par cette crise inédite, quel que soit notre situation professionnelle ou personnelle.

Nous sommes tous encore aujourd'hui en « guerre » contre quelque chose d’invisible. Les étapes se passent et aujourd’hui nous avançons tous dans une sorte de crainte permanente pour notre avenir.

Que va t-il se passer dans les prochains mois ? Serons-nous de nouveau confrontés à ce genre d’événement ? Au-delà de cette question, se pose également celle de la relance.  Comment allons-nous gérer cette crise économique qui se profile, et comment notre pays va rembourser les sommes empruntées ? Toutes ces interrogations, chacun les aborde de différente manière.

Ce qui est certain, c’est que cette crise va laisser des traces et en particulier, chez nous les sportifs. Quand on choisit de faire un sport à haut niveau, c’est que nous sommes attirés par la compétition, le dépassement de soi, l’adrénaline que peut produire un match, une compétition, un objectif.

Je peux vous dire que mentalement cette période est complexe pour l’ensemble d’entre nous. Au-delà du manque physique que nous avons connu, nous avons forcément projeté nos craintes et nos peurs sur nos proches. Si aujourd'hui la situation a quelque peu évolué, nous avons toujours beaucoup de difficultés à nous projeter dans cette période que je définirais d’incertaine.  

Quand on est sportif de haut niveau, on établit une planification en fonction d’évènements et d’objectifs à atteindre. Pour certain, l’objectif peut être proche, dans l’année, se reproduire tous les ans ou se dérouler dans un, deux voire quatre ans comme pour des Jeux Olympiques ou les coupes du monde. 

Quatre ans de notre vie où on met notre corps, notre mental à rude épreuve pour atteindre une participation à un tel évènement et pour défendre notre chance d’être le seul gagnant. Quatre ans de travail, d’investissement et d’engagement sans relâche pour qu’il n’y ait, à la fin, qu’un seul vainqueur.

C’est cet engagement qui nous permet de transmettre au public des émotions, de le faire vibrer, trembler ou pleurer. De faire lever tout un pays comme lors de certains évènements et de réussir à rassembler les gens, malgré leurs différences.

Ce sont à de tels rêves que tout sportif se raccroche durant sa carrière pour se lever le matin avec cette motivation, cette rage de s’entrainer toujours plus, de repousser toujours les limites pour vivre, ne serait-ce que quelques minutes, un tel bonheur.

Cette crise remet tout en question, les Jeux Olympiques sont décalés, des événements repoussés voire annulés. La planification est complexe, il est donc il est difficile de pouvoir se projeter, ce qui fait naître de nombreuses interrogations, tant sur l’organisation des compétitions que sur l’accueil du public, ainsi que sur la capacité financière de nos clubs.

Tant de questions qui nous poussent, encore une fois, à aller chercher au plus profond de chacun d’entre nous, pour continuer à y croire et surtout à nous rassembler.