[Carnet de bord] Isaline Nitsche - Natation

7 décembre | Actualités | Fanny RENOU
[Carnet de bord] Isaline Nitsche - Natation | Allyteams

Crédit photo : Didier Hébert-Guillon

Isaline Nitsche est une ancienne sportive de haut niveau en natation. Elle s'exprime sur deux mondes que tout oppose : l'art et le sport.

Danser dans l'eau

Danser, se mouvoir petit à petit, libérer ses instincts, son corps.
Au quotidien nous avons des gestes, souvent les mêmes. Des gestes liés à l’utile qui doivent être rentables, efficaces et discrets. Alors dansez ! Explorez votre kinésphère, proposez à votre corps des mouvements plus souples, plus amples, des mobilisations inédites ou archaïques.

Danser dans l'eau peut aider à retrouver des mouvements sensibles et créatifs, dépasser une mobilité réduite ou rouillée, surpasser la contrainte de la gravité et de l'hétérogénéité du monde terrien pour plonger dans un univers de sensations fluides et légères.

Je suis fière de vous présenter le clip de Talkie Walkie- duo Grenoblois, pour lequel j'ai pratiqué la danse aquatique, et en profite pour vous rappeler que la danse aquatique peut-être un support pour les séances art-thérapeutiques que je vous propose.

https://www.youtube.com/watch?v=92t6dhr-Evs

Rencontre avec l'eau glacée

A Grenoble et dans sa région, l’hiver et le froid sont au rendez-vous. Basses températures, glace, neige peuvent devenir de réelles alliées pour le corps et l’esprit.

J’ai rencontré le froid grâce au monde de la natation car depuis plusieurs années, la nage en eau froide est une activité qui connait beaucoup de succès. Ses aspects spectaculaires, insolites et les défis qu’elle représente, attirent les givré.e.s en tous genres. Les premiers championnats de nage en eau froide ont eu lieu en 2019 à Vichy. Cette discipline est une branche de la nage en eau libre et est aussi appelée « nage hivernale ».

Tout d’abord, j’ai été touchée par la fragilité des paysages glacés. Paysages qui tendent, nous le savons, à disparaître. J’ai eu envie de me glisser sous la glace et j’ai donc plongé toute équipée, aux lacs Robert à Chamrousse. Ballet de bulles argentées sur le plafond de glace, j’ai été émerveillée, fascinée.

Mais comment vous dire… j’avais envie de rencontrer le froid, le sentir mais je ne savais pas comment m’y prendre. J’étais curieuse car au grès de mes recherches autour des nageur.se.s en eau froide je suis tombée sur « The ice man », Wim Hof Man, collectionneur de records qui défraie la chronique et défrise la communauté scientifique. Cet homme s’est mis à s’immerger dans l’eau froide à la suite d'un choc émotionnel (le suicide de sa femme). Cela l’aidait, de différentes manières, à se sentir mieux. Il a créé sa méthode « Wim Hof méthode » qui repose sur trois piliers : l’immersion dans l’eau froide, la respiration et l’état d’esprit.

Je me suis présentée à Annecy pour une session « wim Hof » afin d’apprécier les outils que l’on pourrait m’apporter pour s’immerger dans le froid sans danger. Car dans notre culture, le froid n’est pas synonyme de confort et peut être dangereux pour la santé. Ce ne sont pas des notions erronées, bien entendu, mais certainement à remettre en perspective.

J’avais déjà expérimenté les bénéfices du froid pour la circulation sanguine, je connaissais ses propriétés en ce qui concernait la tonicité de la peau. Mais je ne m’étais jamais servie de ce dernier pour faire travailler mon mental. Aujourd’hui j’appréhende l’immersion dans le froid comme un exercice de méditation et de gestion de stress. En effet, plongé rapidement dans le froid, le corps subit un stress, le cœur et la respiration s’accélèrent, mais si l’on parvient à se rassurer, accueillir les sensations et ralentir sa respiration, les battements cardiaques retrouvent leur cadence naturelle et alors on ressent le froid d’une manière inédite.

Immobile, il est possible de rester plusieurs minutes en immersion. En mouvement, certain.e.s nageur.se.s expérimenté.e.s peuvent se déplacer 15 à 20 minutes et parfois plus mais c’est comme l’apnée, il faut être bien entraîné.e, suffisamment averti.e et entouré.e pour pratiquer.

L’immersion en eau froide peut faire partie des accompagnements que je vous propose, si vous le souhaitez. Elle peut être pratiquée sous la douche de manière quotidienne, dans le jardin grâce à une installation propice et de façon saisonnière dans les cascades et lacs de montagne.

Attention, ne pratiquez jamais seul.e. En eau froide ou tempérée, la natation est une activité qui nécessite une surveillance.

La relaxation aquatique

J’ai commencé à m’intéresser aux techniques de relaxation aquatique au centre Aquat’tlantis de St-Martin-dhères qui propose une fois par semaine des cours d’aquarelax mélangeant des exercices de respiration, de flottaison et de méditation. Puis, je me suis inscrite à un week-end de formation de watsu, lorsqu'une une formatrice autrichienne venait proposer un week-end de formation. La formation complète de Watsu qui est une marque déposée, comporte 600 heures. J’ai donc effectué la première partie de cet enseignement pour un total de 16 heures ainsi j’ai obtenu mon diplôme de watsu basic.

Le watsu est l’union de deux mots, deux ambiances et deux techniques. L’ambiance aquatique et la technique japonaise de shiatsu zen. Le watsu consiste en un massage flottant avec une personne qui masse, « le donneur » qui est actif, et une personne qui reçoit « le receveur » qui est passif et qui doit veiller à une seule chose : son relâchement maximal. Le Watsu utilise des mouvements dans l’eau et se sert des propriétés hydromassantes, c’est-à-dire des mouvements de l’eau sur le corps.

C’est une technique empreinte d’écoute et de douceur qui nécessite une eau chaude au minimum 33° et un bassin peu profond 1m20 ou 1m30. Il en découle une détente profonde. Le Watsu a été inventé en 1980 par l’américain Harold Dull qui emmène ses élèves pratiquer les étirements du Zen Shiatsu dans des sources d’eau chaude.

Lors de ce week-end, j’ai également appris l’existence de la WATA, water dance. Une autre technique de relaxation dans l’eau chaude créée à partir du Watsu par Aman Peter Schröter et Arjana C. Brunschwiler, tous deux d’origine suisse, en 1987. Alors que le Watsu se déroule en surface, en flottaison, sans immersion du visage et des voies aériennes, la WATA, se pratique avec un pince nez et comporte des phases d’immersion. Au fur et à mesure de la séance, le souffle est retenu de plus en plus longtemps en prenant en compte les capacités de chacun. Les mouvements se délient dans l’eau, créant une forme de danse subaquatique. Le WATA partage des influences avec les mouvements de l’Aikido (art martial japonais).

Je peux donc vous proposer des séances pour accroître votre détente physique et psychique. Les séances se pratiquent dans des bassins chauffés à 32° minimum.

L'art et le sport, deux mondes ou un univers

L’art comme sport, le sport comme art. Réflexion sur un clivage paradoxal.
Ces deux disciplines mélangées dans nos institutions, que ce soit par l’éducation nationale dans nos premiers apprentissages avec l’APA (Activités physiques et artistiques) ou dans le domaine politique « sport et culture ».
Deux activités, deux manières d’appréhender le monde, l’un qui se donne des règles et l’autre qui joue à briser les codes.
Deux manières de se mouvoir dans l’existence, d’exister dans la société, de rencontrer les autres. En fonction des contextes l’art et le sport sont parfois mis au rang de l’essentiel et parfois relégués au rang d’activités de luxe, « non nécessaires ». Pourtant, qui admirons nous plus que nos grands artistes et grands sportifs ? Qui regardons nous performer sur les scènes ou dans les arènes ? Des artistes et sportifs que notre reconnaissance pousse à tout sacrifier pour nous éblouir, aller jusqu’au bout de ce que l’humanité peut concevoir ?

On constate par moment qu’artistes et sportifs se regardent en chiens de faïence. Les uns caricaturant les autres… Heureusement il y a ceux qui rassemblent avec des disciplines à la frontière entre l’art et le sport, les circassiens, les danseurs. Mais finalement, malgré un clivage lattant artistes et sportifs se ressemblent, bien plus qu’ils ne veulent souvent l’admettre. Pour leur rapport au corps primordial et torturé, pour ce qu’ils suscitent dans la société, pour le spectacle et la performance, pour le dépassement de soi.
Merci à eux.

Pour en savoir plus :

Fédération de natation et nage en eau froide: https://www.ffnatation.fr/actualites/disciplines/sport-part-entiere

Reportage de Vice sur Wim Hof Man : https://www.youtube.com/watch?v=soHwRkIkTHA

« Ice swimming », Marion Joffle, portrait d’une nageuse française : https://nagelibre.fr/2019/03/02/ice-swimming/