[Carnet de bord] Dimitri Jozwicki - Athlétisme paralympique
Crédit photo : Florent Pervillé
Dimitri Jozwicki, athlète de haut niveau et diplômé en ergothérapie, nous explique comment son handicap est devenu une force dans la pratique de son sport.
Histoire de vie et anamnèse
Né à 5 mois et demi d’une grossesse gémellaire, j’ai, comme beaucoup de prématurés, développé une infirmité motrice cérébrale (IMC). Ce handicap invisible chez moi, s’est d’abord manifesté à l’âge de 6 ans lorsque je suis rentré en CP. En effet, j’accusais de grandes difficultés dans l’apprentissage de l’écriture et des tâches manuelles.
D’abord considéré comme un enfant « paresseux » voire « fainéant » par le corps enseignant, j’ai connu une scolarité difficile. En outre, du fait de l’invisibilité de mon handicap, ma scolarité s’est accompagnée de nombreuses remises en question et d’une impression d’avoir à me justifier en permanence, ce qui n’a pas simplifié l’acceptation de mon handicap.
Heureusement accompagné par mes parents et soutenu par le corps paramédical (essentiellement l’ergothérapie), j’ai fini par m’accepter tel que j’étais, avec mes difficultés et mes faiblesses.
D’ailleurs, au niveau scolaire, à force de travail et d’abnégation, j’ai fini par faire de mon handicap une force, et malgré les avis de certains professeurs, je me suis lancé dans des études paramédicales qui se sont soldées par un diplôme d’Etat en ergothérapie en juin 2019.
Mon parcours dans le sport
Pour moi le sport a toujours été un domaine essentiel. En effet, il était (et est toujours) un exutoire, une façon pour moi de relâcher la pression et le stress. J’ai donc commencé le sport assez tôt. D’abord passé par le football puis par le rugby, c’est dans l’athlétisme que j’ai trouvé ma voie il y a maintenant 10 ans. Malgré mon handicap, j’ai toujours pratiqué avec les sportifs dit « valides ». D’une part, je prenais plaisir à pratiquer avec mon frère jumeau avec qui j’ai une relation fusionnelle, et d’autre part, bien qu’acceptant mon handicap, je ne pensais pas trouver ma place dans le mouvement handisport. Je pensais que mon handicap n’était pas « assez important » pour pouvoir y concourir.
Cependant, en 2016, mon coach de l’époque m’a informé sur la possibilité de me faire classifier (processus déterminant la catégorie de handicap) pour les championnats de France indoor d’athlétisme handisport. D’abord dubitatif, je me suis lancé dans l’aventure. Dès ma première participation, j’ai été sacré champion de France junior du 60m. A partir de ce moment, j’ai compris que mon handicap pouvait aussi être une force dans le sport. Depuis, je me suis donc investi dans l’athlétisme pour atteindre le palmarès que j’ai aujourd’hui.
Le sport comme facteur d’inclusion
Mon parcours sportif et professionnel m’a conduit à acquérir une certaine notoriété qui me permet aujourd’hui d’intervenir en milieu scolaire. En effet, j’ai à cœur de changer les mentalités sur le handicap. Selon moi, cela commence dès le plus jeune âge. Lors de ces interventions, je reviens sur mon parcours scolaire, je sensibilise les enfants au handicap et leur explique l’importance de venir en aide à leurs camarades en situation de handicap. Je leur fais pratiquer une activité physique en situation de handicap. C’est aussi important pour moi de montrer aux enfants que le handicap peut être une force il m’arrive également de mener ce genre d’intervention en entreprise avec un discours tourné vers les valeurs du sport et la façon de les retranscrire professionnellement.
Aujourd’hui, le statut de sportif de haut niveau me donne une certaine légitimité pour raconter mon histoire. Il me permet de faire changer les regards sur le handicap. Le sport me permet donc de dépasser ma condition et de partager mon expérience. Au-delà du palmarès que je construis, le sport me permet de vivre une aventure humaine inestimable et de faire du chemin dans mon parcours de résilience. C’est là ma plus belle victoire.