[Carnet de Bord] Laurent Meunier - Hockey sur glace
Ancien capitaine de l'équipe de France de hockey sur glace, Laurent Meunier se penche sur l'évolution de la communication et du management. L'occasion de faire des parallèles intéressants entre monde sportif et entreprises.
Communication interne « que ta parole soit impeccable »
Dans notre société hyper connectée, toutes les entreprises accordent énormément d’importance à la communication externe. En effet l’image qu’elle renvoie est un facteur essentiel de réussite ou d’échec. La communication interne est souvent moins visible mais m’apparait comme une clé importante pour la réussite des clubs sportifs ou des entreprises. Dans le livre « Les quatre accords toltèques » de Don Miguel Ruiz, le premier accord s’énonce : « Que ta parole soit impeccable » ; l’auteur souhaite qu’on se rende compte de la puissance de la parole.
Communication globale
Une entreprise ou un club doit arriver à transmettre ses valeurs et sa culture d’entreprise à tous les échelons de la compagnie ou du club. Du Président au coach en passant par les directeurs, le message donné se doit d’être clair, concis et identique. L’erreur communément faite est de prendre ce message pour acquis et de ne pas investir suffisamment de temps dans la transmission du message souhaité. La réussite de tout projet comme gagner un championnat, construire un immeuble dans les budgets et les délais ou organiser un grand événement sportif passe par une compréhension identique du processus à appliquer pour atteindre les objectifs fixés.
Pour éviter toute interprétation et dispersion, performer sur le court et moyen terme, les lignes directrices mises en place par les dirigeants doivent être communiquées de façon identique à l’ensemble des employés.
Cette communication interne doit s’adresser à l’ensemble des employés pour créer ce sentiment d’appartenance à une même entité plus grande et plus forte
Communication entraineur-joueurs et directeur-employés
De mon expérience de sportif qui s’est déroulée sur trois décennies, j’ai observé une grande évolution sur le management et la communication des entraineurs envers leurs joueurs. Dans la majorité des cas il existait une approche binaire « marche ou crève ». Le coach imposait ses consignes de façon autoritaire et les joueurs devaient s’y plier sans poser de questions. Ce temps est quasiment révolu. Actuellement les entraineurs sont plus tournés vers le dialogue et l’écoute. Ils échangent davantage car les joueurs veulent comprendre ce qu’ils ont à faire. En effet ces derniers possèdent un accès à l’information et aux vidéos comme jamais auparavant rendant impossible de leur imposer des idées et ses choix sans explications. La reconnaissance de l’athlète comme de l’employé en tant qu’être humain doit être prise en compte par les supérieurs hiérarchiques. Contrairement à des robots, les travailleurs ont besoin de comprendre, de trouver un intérêt ou d’avoir une attache émotionnelle avec le projet pour pouvoir s’épanouir et être efficaces dans leur domaine de compétence.
Trop souvent, un ordre de travail est donné sans vérifier la bonne compréhension de la tâche à réaliser. Cet état de fait peut entrainer des erreurs et une qualité du travail réalisé insatisfaisante. En caricaturant et en prenant l’exemple d’un sport comme le football, cela reviendrait à demander à un avant-centre de se positionner proche de la surface de réparation et de tirer dès qu’il reçoit le ballon, sans lui parler ni de l’adversaire ni du placement de ses propres coéquipiers. On remarquerait vite que le résultat (marquer des buts) ne serait pas atteint.
Filtrage de l’information
Le directeur général, le manager ou le chef de projet doit convaincre et se faire comprendre des personnes (joueurs, techniciens, employés) qui travaillent à ses côtés. Il se doit d’être bien préparé pour donner les informations pertinentes visant à la bonne réussite d’un projet. Par exemple l’entraineur de sport collectif (handball, basket, hockey...) qui prépare une finale de championnat, va connaitre parfaitement l’équipe adverse grâce aux vidéos qu’il a pu visionner. Il a enregistré un nombre conséquent d’informations sur la façon de jouer de tel et tel joueur adverse, sur les systèmes de jeu et même sur la taille de leurs chaussettes. Il est primordial que l’entraineur ait une bonne connaissance de son groupe pour savoir quel volume d’informations il veut et peut lui transmettre. Trop d’informations peuvent perturber la préparation du match alors que trop peu d’information pourrait faire perdre le match.
Les managers, chefs de projet ou coaches doivent apprendre à filtrer les renseignements à donner pour permettre la bonne exécution de leurs projets. Cela suppose qu’ils doivent investir du temps dans le message qu’ils veulent transmettre.
Le temps
Le temps consacré à la communication pourrait paraitre comme perdu car souvent tout semble logique et simple sauf que les collègues de travail n’ont souvent pas la même connaissance globale de la situation et ne peuvent donc pas en avoir la même compréhension. Or ce temps utilisé dans la transmission des bonnes informations se révèle payant pour la réalisation des tâches demandées. Du temps est gagné dans l’exécution de la mission, les risques d’erreur sont minimisés. On obtient une meilleure qualité du résultat final ainsi qu’une meilleure productivité.
La clé dans la réussite d’une communication « impeccable » réside dans la préparation du message à transmettre.