[Carnet de Bord] Marie Marguet - Snowboardcross
Marie est une ancienne athlète de haut niveau en snowboardcross et est actuellement étudiante en troisième année de licence STAPS entraînement. Elle s'exprime sur un sujet rarement abordé, celui du sportif malade.
Le sportif malade
On entend souvent parler de la préparation du sportif de haut niveau, de sa saison et des compétitions, ou de sa ré-athlétisation après une blessure. Mais avez-vous déjà entendu parler du sportif malade ? Celui victime d’un cancer ou de bien d’autres maladies si violentes qu’une cheville brisée dans une carrière n’est rien ?
Pour ma part, je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à le vivre. Aujourd’hui, je pense qu’il est important de l’évoquer car lorsqu’un sportif souffre de ce type de maux, aucun protocole de ré-athlétisation, ou de maintien de la condition n'est appliqué. Cela voudrait-il dire que tout sportif malade doit arrêter ou que ce sujet est seulement tabou ?
Là est le cœur de ma réflexion. Tout d’abord, j’ai constaté qu’il n’y avait que très peu d’études de cas par rapport à ce sujet, la plupart d'entre elles étant fondées que sur des personnes sédentaires ou étaient vieillissantes. Or, il y a une dizaine d’années, toute personne ayant un cancer était mise au repos et se voyait interdire toute activité, alors imaginez un sportif de haut niveau… la question ne se posait même pas.
Depuis, ces a priori ont évolué, on préconise maintenant l’activité physique dans les pathologies telles que le cancer car les scientifiques se sont aperçus que la santé physique et mentale était beaucoup trop impactée par l’inactivité de la personne durant sa convalescence (arrêt du sport, arrêt du travail…).
Aussi, le sport aurait des effets bénéfiques, co-actifs à la plupart des traitements. Alors, à quand un changement de mentalité en haut niveau pour ces athlètes trop souvent laissés dans l’incertitude par leur entourage sportif et médical dans ce type de cas ? A quand la prise de conscience que le cancer, la maladie du XXIème siècle, peut toucher même les personnes les plus saines d’entre nous ?
Je pense qu’il y a un réel axe de travail quant à la prise en charge de ces sportifs car la société ne connaît encore que trop peu de choses sur les effets des traitements à court et long terme sur l’organisme d’un athlète. De quelle manière cela impacte sa pratique ? Comment les effets peuvent-ils être limités ? Y aurait-il « un protocole de ré-athlétisation » à trouver pour chaque maladie ?
Autant de questions que les entraineurs et préparateurs physiques devraient être amenés à se poser pour accompagner ces sportifs déjà grandement dans l’incertitude à ce moment de leur vie. Une carrière peut-être si longue, on ne devrait pas sacrifier un athlète prometteur ou aguerri pour une année sombre de sa vie.
Alors oui, vous allez sûrement vous dire que le nombre de cas est dérisoire et que cela n’en vaut pas la peine, telle est la politique élitiste du haut niveau. Or la carrière d’une personne est peut-être la seule chose qui l’amènera à se battre à ce moment de sa vie.
De plus, si des protocoles adaptés étaient mis en place, une telle maladie serait-elle réellement plus longue à guérir que certaines blessures musculaires ?