[Carnet de Bord] Claire Amestoy - Gymnastique aérobic

7 mai | Actualités | Yara Furlan
[Carnet de Bord] Claire Amestoy - Gymnastique aérobic | Allyteams

Ancienne sportive de haut niveau en gymnastique aérobic, Claire nous raconte la manière dont elle a puisé sa force dans son collectif. 

Puiser sa force des autres : l'équipe, le ciment du sportif

Lorsque nous pensons aux sportifs de haut niveau, ce qui nous vient en premier à l’esprit ce sont les entrainements.

Alors oui, évidemment, la pratique de la discipline est le point de départ et le coeur de ce qui anime le sportif. Lorsque j’étais au Pôle France de gymnastique aérobic, je m’entrainais trois heures par jour, six jours sur sept, soit vingt-et-une heures par semaine. Vibrer avec son sport est une condition essentielle, d’une part pour arriver à ce niveau-là, et d’autre part pour accepter au quotidien les sacrifices imposés par un tel rythme de vie. Le dévouement était total, je n’avais plus seulement la sensation de pratiquer de la gymnastique aérobic, tout se passait comme si j’étais devenue mon sport. Je vivais mon sport. Toutes mes actions, toutes mes pensées tournaient autour de lui. Chaque matin, je me réveillais avec l’idée de ce qui était au programme de l’entraînement du soir. Dans le bus pour aller en classe j’écoutais les musiques des enchainements, visualisant la chorégraphie. Tout au long de la journée, je me demandais si j’allais être en forme le soir, si j’allais être fière de moi en sortant du praticable à 20h. Et il ne faut pas se mentir, parfois ces questionnements incessants et cette pression latente pèsent lourds.

Mais étais-je seule ? Autour du travail physique quotidien gravite un élément majeur qui permet de garder l’équilibre : l’équipe. Et ces membres-là sont présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, sans exception.
Certes, chaque jour nous nous entrainions ensemble de 17h à 20h. Mais ce n’était pas tout. Plus tôt dans la journée avant de pousser les portes du gymnase nous étions aussi en classe ensemble, et avant les cours nous nous étions préparés sous le même toit, voire dans la même chambre.

En réalité, ce qui se voit à l’entrainement est le fruit de ce qui se joue aux autres moments de la journée. La cohésion de l’équipe est le reflet du soutien des autres dans toutes les sphères de l’existence. Comment se motiver à aller courir dehors sous tous les temps et toutes les températures si je n’avais pas été accompagnée par mes co-équipiers ? Comment défier l’épuisement physique et mental sans ces personnes qui vivaient exactement les mêmes épreuves que moi, au même moment que moi ? Aurais-je eu autant de passion à vivre ces cinq années sportives sans cette proximité avec mon équipe ? Définitivement, la réponse est non.

Puisque nous vivions ensemble, mon équipe n’était plus seulement mon équipe : elle était ma famille. Nous échangions sur tout, partout tout le temps, étions de véritables coach mentaux les uns pour les autres. Nous avons ri, nous nous sommes remonté le moral. Parfois nous pleurions simplement. Nous avons développé une empathie immense les uns envers les autres. Il nous arrivait souvent de ne pas être satisfaits de nos propres victoires si l’autre avait échoué.
C’est cette cohésion la plus totale avec mes coéquipiers qui a été le ciment de mes années de pratique. Je crois que passé un certain niveau, le seul moyen de devenir meilleur c’est d’être poussé par les autres. Passé un certain niveau, le seul moyen de renouveler sa motivation c’est de se dire que l’on fait les choses pour son équipe et non plus seulement pour soi. Et ce dépassement de soi n’est possible que s’il va en direction de ceux que l’on aime. Il n’y a pas de plus grands achèvements que ceux que l’on poursuit pour l’équipe.

Ce qui fait commencer le sport de haut niveau, c’est l’amour de la discipline et ce qui le fait continuer c’est l’amour de l’équipe. Le sport de haut niveau est une aventure humaine qui ne s’arrête pas aux seuls horaires d’entrainement.