[Livre Performance Allyteams] Interview Amel Hocini - Adisseo

7 février | Actualités | Maximin DUMAS
[Livre Performance Allyteams] Interview Amel Hocini - Adisseo | Allyteams

“ Réconcilier performance économique et performance environnementale, pour atteindre une performance durable ”

Amel est responsable de projets de développement durable au sein de la Business Unit des produits de spécialités au sein du Groupe Adisseo, leader mondial dans le domaine des solutions nutritionnelles pour animaux. 

Quelle est l’activité d’Adisseo ?

Adisseo est un des leaders mondiaux dans le secteur de la nutrition animale.

Nous développons, produisons, et commercialisons des additifs pour améliorer la digestibilité des matières premières, améliorer la santé digestive de l’animal, et son bien-être.

Nous disposons de deux grandes plateformes industrielles, une en Europe (entre la France et l’Espagne) et une en Asie (Chine). De même, nous avons deux grands pôles de recherche, un en France réparti sur plusieurs sites et un en Chine. Nos clients sont partout dans le monde et nous avons donc des bureaux commerciaux dans près de 80 pays.

L’entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 1,5 milliard d’euros et est en croissance, avec un total de 2400 collaborateurs. Nous ambitionnons de fournir des produits de qualité, à des prix permettant au plus grand nombre d’y accéder, tout en réduisant les impacts sur l’environnement de ce secteur.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités au sein d’Adisseo ?

Au sein de la Business Unit des produits de spécialités, je suis en charge des projets de développement durable liés à l’usage de nos solutions nutritionnelles. J’accompagne nos clients dans l’évaluation des bénéfices apportés par nos produits sur les aspects environnementaux. Concrètement nous travaillons, en partenariat, sur l’amélioration de leurs empreintes environnementales par l’intégration de nos solutions, et sur la manière de contribuer aux 17 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies.

La notion de performance a évolué ces derniers temps au sein des entreprises, nous parlons aujourd’hui de réconcilier les performances économique et environnementale. Pourquoi parle-t-on de performance et non pas d’impact environnemental ?

Derrière la notion de performance, nous associons un objectif de résultat. Nous tenons à mesurer l’impact de nos actions sur les aspects environnementaux et nous voulons, au même titre que nos résultats économiques, mettre en place des stratégies qui nous permettront d’atteindre nos objectifs. La mise en place des politiques ESG depuis plusieurs années au sein des entreprises a introduit les conditions favorables à cette performance.

Bien entendu, pour garantir cette performance, il nous faut maîtriser nos risques, et répondre de manière proactive aux challenges du changement climatique pour assurer la pérennité de l’entreprise. Il nous faut à la fois adapter nos processus industriels pour être moins dépendant des futures évolutions de notre écosystème, et réduire nos impacts sur l’environnement, par exemple en privilégiant les énergies renouvelables.

La performance économique est le nerf de la guerre des entreprises industrielles, comment intègre-t-elle désormais pleinement la dimension environnementale ?

Pendant de nombreuses années, les politiques environnementales ont été menées en conformité avec la mise en place de nouvelles législations, en réponse aux contraintes des autorités locales. Progressivement, un mouvement de « social licence to operate » s’est révélé, et les entreprises dont Adisseo ont, d’une part, acquis cette conviction que la durabilité du business passe une prise en compte de l’environnement dans sa feuille de route, et d’autre part, observé et intégré l’intérêt grandissant de leurs parties prenantes pour ces enjeux environnementaux.

Tout d’abord, nos clients annoncent de plus en plus des missions éco-responsables, soucieux d’une image d’entreprise verte et responsable, et nous réclament des engagements et des plans d’action ambitieux et pilotés. Ensuite, nous sommes une société listée à la bourse de Shanghai, avec une vision très long terme des investissements. Nos actionnaires regardent donc nos résultats économiques, mais nous évaluent tout autant que nos engagements et nos réussites environnementales qu’ils considèrent comme constituant de notre pérennité. Enfin, nos partenaires bancaires nous accompagnent dans cette démarche par la proposition de prêts bancaires indexés sur nos progrès environnementaux.

Et au sein de vos opérations et votre organisation, comment organisez-vous cette transition vers cette double performance ?

Nous avons, il y a quelques mois, intégré les enjeux environnementaux au sein de nos futurs investissements, en définissant un prix interne au carbone et en introduisant les coûts induits des émissions carbone à venir dans nos business plans et nos calculs de rentabilité.

Ainsi, travailler sur la réduction de ces émissions amène nos équipes à réfléchir différemment, sur de nouvelles technologies, sur des processus de recyclage, de simplifications, de circularité en particulier sur les rejets et les déchets.

Notre plus grande force pour atteindre cette performance durable repose sur le collectif. Il faut mettre en mouvement l’organisation et créer les conditions de la performance pour mobiliser nos collaborateurs. Dans une certaine mesure, la prise de conscience par les collaborateurs est un processus aisé car nous sommes tous aujourd’hui sensibilisés par les enjeux climatiques. Chacun à son niveau comprend et peut devenir acteur, et la frontière entre le collaborateur et le citoyen s’efface naturellement.

Cette transition a été facilitée par la raison d’être de l’entreprise, qui avait déjà un objectif de développement durable, celui de nourrir la planète. Cette transition vers une double performance écologique et économique permet donc pour les collaborateurs une mise en cohérence entre la finalité recherchée par le collectif, et l’évaluation de sa performance.

Le challenge pour mobiliser le collectif réside dans la capacité à donner une vision long terme, et engager sur des objectifs lointains. Engager pour les trente années à venir nécessite une approche graduée, crantée de jalons ambitieux, pour faire adhérer les tops managers d’aujourd’hui sur les enjeux de demain et attirer les talents des jeunes générations qui mettront en œuvre ces engagements.

Concrètement, cette performance durable, vous la partagez également avec vos clients, et même avec toute la chaîne de valeur. En quoi cela consiste ?

Adisseo est fournisseur de solutions nutritionnelles qui ont l’avantage d’apporter un gain économique et un gain environnemental à ses clients. L’intégration de nos produits dans les régimes alimentaires des animaux intervient à plusieurs niveaux sur les enjeux environnementaux. Ils permettent un meilleur équilibrage nutritionnel qui est source d’économie et également permet de réduire l’apport de protéine végétale comme le soja et l’ajout d’huile de palme. Ils sont également vecteurs de meilleure digestibilité et santé pour les animaux. Par conséquent nous répondons à un grand principe du développement durable, produire plus avec moins de ressources.

Est-ce que toutes les entreprises ont réconcilié ces deux performances ?

Les entreprises mondiales sont probablement les mieux placées pour conduire la performance environnementale et leur capacité à engager toutes leurs parties prenantes. Par leurs moyens, leurs champs d’action, leurs résonances et l’importance associée à leur image. Elles s’engagent désormais publiquement, affichent des objectifs ambitieux pour tacler le changement climatique et doivent démontrer via leurs résultats leurs réussites. Ces démarches finiront par un processus de ruissellement par atteindre l’ensemble des activités industrielles, et chaque entreprise, quelle que soit sa taille sera amenée à orienter ses stratégies vers une performance durable.