[Livre Performance Allyteams] Interview Guy Ontanon - Entraîneur d’athlétisme INSEP

18 mars | Actualités | Maximin DUMAS
[Livre Performance Allyteams] Interview Guy Ontanon - Entraîneur d’athlétisme INSEP | Allyteams

Entraîneur de sprint, Guy Ontanon a entraîné les athlètes français les plus rapides de ces vingt dernières années parmi lesquels Muriel Hurtis, Christine Arron, Jimmy Vicaut, etc. 

Guy, vous êtes entraîneur national d’athlétisme à l’Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance (INSEP) depuis 2002. Pourriez-vous nous expliquer à quoi correspond votre poste ?

Je m’occupe de certains sprinteurs, hommes et femmes, pensionnaires de l’INSEP qui sont inscrits sur listes ministérielles. Ces sprinteurs sont en équipe de France ou aux portes de celle-ci.

Je m’occupe également du meilleur sprinteur iranien dans le cadre des accords internationaux entre la Fédération iranienne et la Fédération française d‘athlétisme.

Enfin, j’ai une mission d’accompagnement de certains jeunes entraîneurs qui me sollicitent afin que je puisse les conseiller et leur transmettre mon expérience.

Comment s’organise la saison d’un sprinteur ?

Elle s’organise en deux temps car il y a une saison indoor et une saison outdoor.

La saison indoor se déroule entre octobre et début mars, et la saison outdoor entre mi-mars et fin août, voire septembre.

Tous les sprinteurs ne font pas nécessairement la saison d’hiver en salle, mais globalement les sprinteurs s’alignant sur 100 mètres et 200 mètres ont tendance à faire cette saison en salle car elle permet de travailler la vitesse pure sur 60 mètres.

Comment sont fixés les différents objectifs d’un sprinteur ?

Les objectifs restent avant tout une négociation entre l’athlète et le coach. Il y a des objectifs fixés par le calendrier international avec les championnats d’Europe, du monde ou les Jeux olympiques qui sont des échéances incontournables, et à l’intérieur de ces objectifs, nous mettons en place une planification qui va être discutée avec le sportif en fonction des cycles de travail, avec des périodes intenses en termes de travail, et d’autres beaucoup plus allégées.

À travers cette planification, nous fixons des étapes et passages obligatoires avec la participation à certaines compétitions dites mineures, et d’autres, dites majeures.

Ces passages sont obligatoires car il y a des meetings qui sont des épreuves de sélection pour les grands événements, et d’autres qui permettent à l’athlète de se confronter à ses adversaires et de se mettre dans des conditions identiques à celles des compétitions.

L’objectif ultime est de mettre en place la planification la plus juste possible pour que l’athlète soit le plus performant le jour J.

Comment programmez-vous l’entraînement d’un sprinteur ?

La programmation est individualisée car chaque sprinteur n’a pas les mêmes objectifs, qualités et capacités.

Ensuite, il y a des cycles de travail qui sont construits en fonction de certaines qualités à développer (force, vitesse etc.) chez le sprinteur. Je construis des cycles qui varient entre trois et cinq semaines car il faut au moins trois semaines pour développer une qualité.

A l’intérieur de chaque cycle, l’objectif est de travailler sur une qualité, par conséquent, pendant ce cycle, je fixe un objectif principal puis un objectif secondaire qui va être de préparer le travail de la qualité qui sera développée lors du cycle suivant ou de compenser une qualité déficiente.

Est-ce que le développement d’une qualité dans le cadre d’un cycle peut avoir un effet néfaste sur une autre qualité ?

Oui complètement, la grande difficulté pour l’entraîneur est justement de toujours conserver un équilibre.

Je pourrais comparer cet équilibre à celui que doit conserver un chef cuisinier qui, pour réaliser le plat parfait lui permettant de décrocher une étoile, va devoir trouver le juste équilibre entre tous les ingrédients.

Il m’est donc nécessaire de jongler entre deux paramètres importants que sont la quantité, c’est-à-dire le volume de travail, d’un côté, et l’intensité, c'est-à-dire la qualité de travail, d’un autre côté.

En fonction de ce que nous souhaitons développer, il faut toujours trouver le juste milieu entre ces deux paramètres.

A titre d’illustration, en musculation, un sprinteur a besoin de force maximale, c’est-à-dire de force pure, soulever très lourd. De l’autre côté, il a également besoin d’explosivité, c'est-à-dire de vitesse, de mobiliser une charge très rapidement.

Si le sprinteur travaille trop la musculation lourde, cela va impacter son explosivité c’est-à-dire la vitesse de déplacement de la charge, alors qu’il est primordial qu’un sprinteur puisse se déplacer vite.

C’est pour cela que le travail de l’entraîneur consiste notamment en la recherche du juste équilibre entre le travail de la force qui permet de vite se propulser, et de l’explosivité qui va permettre au sprinteur d’aller vite sur la piste et d'enchaîner très rapidement l’ensemble des actions.

Il s’agit donc d’un savant dosage à réaliser, ce dosage n’étant, en plus, jamais le même selon les sprinteurs.

Y a-t-il des caractéristiques communes entre les sprinteurs ?

Oui, il y a des caractéristiques communes mais il n’y a pas de morphotype commun. Les sprinteurs de haut niveau ont en commun des qualités physiques telles que la force et l’explosivité qui sont deux qualités essentielles dans ce sport, mais les morphotypes sont très différents. Nous avons eu par le passé de petits gabarits de sprinteurs, par exemple André Cason qui mesurait moins de 1,70m.

Du début des années 2000 jusqu’en 2016, nous avons eu de grands gabarits avec des athlètes mesurant plus de 1,90m avec Usain Bolt, Asafa Powell ou Christophe Lemaitre.

Aujourd’hui on revient sur des gabarits entre 1,80m et 1,85m, donc il n’y a pas de morphotype type.

Avec quels autres professionnels travaillez-vous pour entraîner un sprinteur ?

C’est une question intéressante qui nécessite déjà de répondre à une question préalable qui est celle de ma fonction. Les termes d’entraîneur, coach et manager sont parfois utilisés indifféremment alors que, pour ma part, je mets derrière ces termes des qualités différentes. J’ai plus l’impression aujourd’hui d’être passé dans un rôle de manager d’un staff. Par exemple, autour de Jimmy Vicaut à l’époque où nous travaillions ensemble, nous avons monté un staff composé de 15 à 20 personnes. Nous avions donc une quinzaine de personnes pour un sprinteur. J’avais alors un rôle de chef d’orchestre, ce qui me fait penser que le terme manager est le plus adapté.

Je travaille donc avec beaucoup de personnes et n’hésite pas à m’appuyer sur des compétences différentes. J’ai eu, par exemple, l’occasion d’intégrer une danseuse dans mon staff pour entraîner Jimmy Vicaut.

Il y a également le dentiste, le nutritionniste, le préparateur mental ou psychologue du sport, l’entraîneur adjoint, le coach, les biomécaniciens etc. Cela représente beaucoup de personnes derrière l’athlète et il faut que l’entraîneur apporte de l’harmonie et soit en capacité de faire travailler tout le monde de concert.

N’est-il pas difficile de réussir à atteindre cette harmonie dans un monde où chaque expert collecte ses propres datas ?

Il y a en effet ce risque, c’est-àdire celui de se noyer dans trop de données, cependant ma vision de mon rôle aujourd’hui est justement de m’entourer d’experts dans des domaines différents et que ces derniers ne me fassent remonter que les informations importantes. Il est donc essentiel que chaque expert fasse un tri dans les données collectées et ne me communique que les données attendues et nécessaires lorsque je les sollicite.

Par exemple, quand l’athlète va chez le kinésithérapeute, j’ai besoin de savoir ce qui est intéressant pour moi afin d’éviter de ne pas aggraver une blessure et me préparer au type de travail à mettre en place en fonction de l’état physique de l’athlète.

Lorsque le sportif fait une séance avec le biomécanicien, le rôle du biomécanicien est d’utiliser les données récoltées lors de la séance afin de m’alerter sur la nécessité d’alléger les entraînements, ou bien de constater les progrès et donc être conforté dans le travail réalisé.

Le rôle de tous ces experts dans leur domaine est de synthétiser les données pour me faire remonter simplement l’essentiel.

Comment définiriez-vous la performance dans le sprint ?

Je définirais la performance comme étant la meilleure réalisation possible à un instant « t ».

C’est ma définition car à un moment donné le sprinteur doit donner le meilleur de lui-même sur une course donnée, et il doit gérer à la fois ses émotions et ses qualités physiques du moment, d’où cette idée de la meilleure réalisation possible à un instant « t ».

Pour faire un parallèle avec le monde de l’entreprise, je dirais qu’aujourd’hui pour un salarié la performance revient à donner le meilleur de soi-même chaque jour. Lorsqu’un salarié a une tâche à accomplir, la performance est l’accomplissement de la tâche de la meilleure des manières, c’est-à-dire en mobilisant toutes les capacités à l’instant présent. Cependant, les jours ne se ressemblent pas toujours car il y a des moments où les performances sont meilleures que d’autres.

C’est la même chose pour le sportif qui n’a pas toujours tous les ingrédients à l’instant « t » pour battre un record et décrocher une médaille, même si c’est toujours ce que le public attend.

Vous entraînez un groupe de sprinteurs. Est-ce que la dynamique de groupe est importante dans un sport individuel comme le sprint ?

J’irais plus loin et je dirais que la dynamique de groupe est primordiale. C’est une production de performances individuelles mais c’est une réalisation collective car le sprinteur, comme l’escrimeur ou le judoka, a besoin de partenaires d’entraînement, c’est son moteur, sa comparaison, son émulation, c’est une nécessité pour un sprinteur de s’entraîner en groupe. Un sprinteur qui s’entraîne seul toute l’année sera, à mon sens, beaucoup moins performant car il n’aurait aucun élément de comparaison.

Quels sont, selon vous, les éléments indispensables à un sprinteur pour qu’il soit performant ?

Pour qu’un sprinteur soit performant, il faut bien évidemment les qualités physiques évoquées précédemment (vitesse, coordination, souplesse, force). Ce n’est cependant pas suffisant car il faut qu’il puisse impérativement gérer ses émotions, qu’il ait un contrôle de l’ensemble des paramètres externes à l’activité mais qui ont un impact direct sur l’activité (sommeil, nutrition etc.). Il doit être un véritable soliste qui doit savoir se préparer pour le bon moment, c'est-à-dire le jour J et la finale olympique, mondiale, ou à un niveau moindre, nationale.

Vous avez évoqué à plusieurs reprises la notion de gestion des émotions : comment gère-t-on le fait d’avoir dans son groupe d’entraînement un athlète talentueux mais qui a des difficultés à gérer ses émotions ?

Tout d’abord je tiens à préciser que les qualités mentales s’entraînent comme on entraîne le physique, donc soit l’entraîneur est préparé et a développé des compétences dans le secteur de la préparation mentale, mais il faut tout de même être vigilant à ne pas mélanger les casquettes, soit l’entraîneur envoie l’athlète vers une personne experte dans le domaine du développement de qualités mentales pour que ce dernier soit accompagné et puisse trouver les clés pour mettre un terme aux difficultés qu’il connaît à gérer la compétition, ses rapports à l’entraîneur, ou à la famille par exemple. Toutes ces difficultés constituent en effet un grain de sable qui peut empêcher d’aller chercher une médaille ou un bon résultat et atteindre la performance souhaitée.

Par exemple, dans mon répertoire, j’ai le numéro de plusieurs personnes ; préparateur mental, psychologue du sport, coach mental, sophrologue, pour ne citer qu’elles, afin de pouvoir mettre en relation les personnes compétentes et les plus à même d’accompagner l’athlète, car l’entraîneur connaît son athlète et doit être en capacité d’identifier la personne qui pourra l’accompagner de la meilleure des manières.

Vous avez entraîné la majorité des plus grands sprinteurs français (Murielle Hurtis, Christine Arron, Ronald Pognon, Jimmy Vicaut etc.) : est-ce que tous ces athlètes ont un point commun ?

Oui, je dirais que l’un de leurs points communs est l’abnégation, l’engagement au quotidien leur permettant de tout mettre en place afin de réaliser leurs rêves. Ce sont des gens qui n’ont pas réalisé de sacrifice, car le mot ne me semble pas approprié, mais ils ont tout mis en œuvre afin d’atteindre leurs rêves, en n’hésitant pas à se mettre des contraintes pour réussir. Ils ont organisé toute leur vie pour leur réussite et avaient cette qualité mentale qui leur permettait de tout mettre en œuvre pour réussir.

En 20 ans en qualité d’entraîneur national, il y a-t-il un athlète qui vous a particulièrement marqué, et pourquoi ?

Sans aucune hésitation je dirais Christine Arron car c’est l’athlète que tout entraîneur peut rêver d’avoir. Christine bénéficie à la fois d’une grande intelligence motrice, émotionnelle, ainsi que du sérieux et du professionnalisme des plus grands. Je pourrai encore trouver d’autres mots élogieux pour la décrire.

Elle avait également ce caractère qui lui a permis de ne jamais lâcher et qui, lorsqu’elle a été en échec, de toujours être en capacité de se relever et de reprendre le chemin de la piste pour tenter de faire mieux la course d’après.

Est-ce qu’un entraîneur garde un lien particulier avec des athlètes qu’il a entraîné par le passé ?

C’est très fluctuant, cela dépend des athlètes. Certains athlètes vont vous tourner le dos et ne plus jamais vous parler, puis il y a ceux qui gardent le contact. Christine Arron fait partie des athlètes qui ont gardé le contact, c’est pareil pour Ronald Pognon par exemple. D’autres se sont détournés, et dans ce cas cela reste une forme de blessure pour l’entraîneur.

Cependant, comme dans toute relation humaine, il faut se dire que les torts sont partagés et essayer finalement de retenir les bons moments.

Vous avez obtenu plusieurs médailles internationales et olympiques en tant qu’entraîneur de relais : comment prépare-t-on des athlètes pratiquant un sport individuel à une épreuve collective ?

C’est très intéressant comme question car c’est ce qui me conduit, parfois, lorsque je fais des interventions en entreprise, à expliquer comment tenter de passer d’une performance individuelle à une performance collective, surtout qu’en athlétisme, à l’inverse d’un sport collectif, les athlètes sont adversaires sur l’épreuve individuelle en début de championnat. C’est donc, à mon sens, le passage de la notion de groupe à la notion d’équipe.

Dans un groupe, chacun a ses objectifs individuels. Or, dans une équipe on a un objectif commun. Le travail à réaliser pour l’entraîneur est de réussir à faire passer d’individualités à une équipe.

Pour cela, il est nécessaire de définir un cadre commun, de mobiliser les athlètes dans la définition de ce cadre, de les investir, de les faire participer à la construction de l’équipe et de la vie d’équipe.

Comment fait-on pour faire courir ensemble des athlètes qui parfois peuvent ne pas s’apprécier ?

Comme dans une entreprise, dans le sport tout le monde ne peut pas s’apprécier. Nous faisons parfois courir des athlètes qui ne s’apprécient pas particulièrement et qui ne font pas partie du même groupe d’entraînement.

C’est d’ailleurs pour cela que je différencie bien les rôles de coach, entraîneur et manager car dans un tel cas de figure le rôle de coach intervient. Il y a une préparation psychologique des athlètes qui passe par la communication mais également par l’écoute car il est important de faire parler les athlètes et ne pas laisser un problème s’installer.

Avez-vous eu l’occasion d’entraîner des athlètes d’autres sports, et si oui, quel est votre lien le staff de ces athlètes ?

J’ai accompagné Sandrine Gruda (basket-ball) dans sa préparation d’un championnat d’Europe il y a quelques années. J’ai également accompagné Benjamin Fall (Rugby) pendant 1 an et demi lorsqu’il était au Racing Métro 92, il venait travailler chaque semaine avec moi sur sa qualité de vitesse.

Enfin, j’ai travaillé avec Mickael Llodra, Richard Gasquet (tennis), etc.

L’équipe de France de rugby à VII m’a également sollicité pour la préparation de certains joueurs, lorsqu’ils ne sont pas en déplacement, afin de développer leur qualité de vitesse et le travail de coordination en course. Je suis donc en relation directe avec l’entraîneur et le préparateur physique de cette équipe pour que mon travail s’intègre dans le travail réalisé par le staff et soit complémentaire.

Entre votre prise de poste en qualité d’entraîneur national d’athlétisme à l’INSEP en 2002 et ce jour, qu’est ce qui a le plus révolutionné le sprint ?

À mon sens, depuis 20 ans il n’y a pas eu de révolution dans le sprint mondial. C’est difficile aujourd’hui de révolutionner le sprint car en sprint ce qui permet d’être performant ce sont les qualités physiques, donc l’individu lui-même, et la deuxième chose c’est la chaussure et la piste. Aujourd’hui les avancées sont minimes sur ces aspects. Il n’y a pas la pointe révolutionnaire comme il y a eu les nouvelles chaussures Nike dans le marathon, c’est pour cela qu’il n’y a pas eu de révolution.

S’agissant de l’évolution de la technologie et des données, j’entraîne du haut niveau depuis 1992 et déjà à cette époque je travaillais avec des observations vidéo, des semelles embarquées avec des podologues, les premiers accéléromètres et comme il n’y avait pas de bluetooth, les athlètes couraient ou sautaient avec des fils accrochés à eux. Donc bien sûr il y a eu des améliorations technologiques, mais je ne parlerais pas de révolution.

En revanche, sur l’aspect approche de la compétition, un individu a révolutionné le sprint, c’est Usain Bolt. Il a révolutionné la manière d’approcher le sprint car il en a fait un jeu, il en a joué et il a embarqué tout le monde dans son jeu, ce qui, à mon sens, lui a notamment permis de dominer psychologiquement ses adversaires pendant de nombreuses années.

Vous avez entraîné différentes générations d’athlètes. Avez-vous évolué dans votre approche de l’entraînement du fait de l’évolution des générations ?

Indirectement, je dirais que ce sont les générations qui m’ont peut-être conduit à changer, mais je dirais également qu’il y a des facteurs qui me sont propres qui m’ont permis d’évoluer, tels que mon expérience, mon âge, et les différentes formations que j’ai suivies pour continuer à progresser en tant qu’entraîneur. Cependant, bien sûr que les nouvelles générations m’ont conduit à adopter des attitudes, des comportements et un fonctionnement différents.

À titre d’exemple, je pense que je fais preuve aujourd’hui de plus de tolérance que par le passé, quand je vois la relation qu’à la jeune génération actuelle avec les portables et les réseaux sociaux, il fallait que je prenne cette évolution en compte.

Je pense qu’il y a quelques années j’aurais été plus ferme et j’aurais demandé à ce que les portables restent dans les vestiaires ou dans les sacs pendant l’entraînement.

Aujourd’hui, je suis moins strict et je laisse chaque athlète se gérer car les téléphones et réseaux sociaux sont devenus une véritable drogue

Une image m’a particulièrement marquée en 2016 lorsque l’équipe de France de football des moins de 19 ans a été championne d’Europe. À la fin du match, les joueurs se sont regroupés avec la coupe et la grande majorité des joueurs avait son téléphone portable et faisait des selfies alors qu’aucun joueur n’était retourné aux vestiaires. Tous les portables étaient donc déjà près du terrain.

C’est donc un réel besoin pour cette jeune génération et je suis devenu plus tolérant car je sais que cela pourrait créer un conflit que de dire à un jeune athlète de laisser son portable au vestiaire. Pendant l’entraînement, il y a toujours un temps de pause ou de récupération et je laisse les athlètes regarder leur téléphone car j’ai compris que c’était un besoin.

Je dirais également que la génération actuelle a un peu moins de rigueur et de volonté que les générations précédentes. Il faut également que tout aille plus vite, il y a moins de patience, ce qui nécessite, lorsque je mets en place le travail par cycle, d’être en mesure de proposer des variations à l’intérieur de ces cycles alors que par le passé je pouvais faire répéter à un athlète le même exercice, plusieurs fois par jour, pendant 3 à 4 semaines.