[Livre Performance Allyteams] Interview Charles Rozoy - Natation
Charles est un nageur handisport français. Aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, il remporte la médaille d’or sur 100 m papillon. Aujourd’hui, il accompagne également de nombreuses personnes dans l’atteinte de leurs objectifs.
Participation aux Jeux Paralympiques 2012 et 2016.
Médaille(s): 1 x or.
Charles, pourriez-vous résumer votre carrière sportive ?
J’ai, dès mon plus jeune âge, rêvé d’être champion olympique. Cet objectif a été mon leitmotiv toute ma vie et j’ai tout mis en œuvre pour l’atteindre.
Je me suis cependant fait renvoyer du Pôle Espoir car je n’avais pas les résultats escomptés. J’ai pour habitude de dire qu’à cette époque j’étais champion du monde de l’entraînement, c’est-à-dire que je réalisais des performances à l’entraînement que j’étais incapable de reproduire en compétition.
Ce renvoi fût pour moi une période difficile et troublante, j’ai fait une première dépression puis je me suis relevé et suis devenu, quelques mois plus tard, champion de France du 50 mètres papillon, ce qui m’a permis de relancer ma carrière.
Cependant, quelques mois après cette victoire, j’ai été victime d’un accident de moto qui m’a paralysé le bras gauche. Cet accident a été un choc extrêmement violent mais j’ai réussi à m’en remettre et suis devenu, à Londres en 2012 quatre ans après, champion paralympique.
J’ai nagé jusqu’en 2016 et ai mis un terme à ma carrière après les Jeux paralympiques de Rio en tournant la page en toute sérénité car j’avais bien anticipé mon futur professionnel en me préparant notamment à devenir coach, formateur et conférencier.
En 2020, après le confinement, j’ai décidé de reprendre ma carrière en parallèle de mon travail.
Est-ce que le passage de la natation valide à la natation handisport s’est fait naturellement ou vous a-t-il fallu du temps pour accepter ce changement ?
Il m’a fallu un peu de temps pour accepter de revenir à la natation, cependant après mon accident je me suis rapidement dit que je souhaitais refaire du sport mais j’étais perdu.
C’est en allant à la piscine pour ma rééducation que j’ai entendu des enfants discuter en me voyant dans le bassin, et ces enfants se sont exclamés : « c’est Charles Rozoy qu'est ce qu’il était bon avant et maintenant il fait de l’aquagym ». Ces propos ont été pour moi un déclic car je me suis dit que je ne pouvais pas me laisser aller et je ne voulais pas que les gens puissent parler de moi de cette manière. J’ai proposé aux enfants de faire une course avec eux car je voulais leur montrer que je savais toujours nager vite et cette situation a été un moment fort car mon coach m’a vu nager et m’a poussé à me remettre à la natation, en handisport.
Après réflexion j’ai accepté le fait de concourir en natation handisport, suis revenu à l’entraînement et ai dit à mon coach seulement quelques jours après la reprise que j’acceptais de participer à des compétitions en handisport et que mon objectif était d’être champion paralympique.
Comment définiriez-vous la performance ?
Je dirais que la performance se trouve avant tout dans le mental, que tous les athlètes de haut niveau ont à peu près les mêmes entraînements physiques et techniques et que ce qui les différencie c’est l’aspect mental. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi de travailler sur l’aspect mental en ma qualité de coach car c’est la clé pour mener à terme de grands projets.
Vous avez remporté la médaille d’or sur le 100 mètres papillon aux Jeux paralympiques de Londres en 2012 et vous êtes classé 4ème aux Jeux de Rio en 2016 mais avec un meilleur temps qu’en 2012. Quelle performance considérez-vous comme étant la meilleure ?
Une fois mon rêve atteint en 2012, je me suis fixé un nouvel objectif jusqu’en 2016 et celui-ci était clair, c’était de préparer ma reconversion, apprendre à passer à autre chose petit à petit et, en même temps, préparer les Jeux paralympiques.
Je dirais donc qu’il s’agit de performances différentes, celle d’aller décrocher un titre en 2012 et celle de préparation de la vie « d’après » en 2016.
Avec le recul, je me dis que j’en ai sûrement trop fait, je n’ai pas de regret sur cette période car, pour citer Nelson Mandela « je ne perds jamais, soit je gagne soi j’apprends ». J’ai donc beaucoup appris de cette période.
J’avais donc arrêté sereinement le sport, avec un objectif de reconversion clair. Le choix récent de replonger dans les bassins est personnel, je l’ai fait pour me dépasser et me faire plaisir en parallèle de mon travail. Je ne suis pas de ceux qui ne savent pas s’épanouir sans le sport, mais avec c’est bien aussi. C’est un défi contre moi-même, surtout à mon âge.
J’ai atteint mon rêve avec mon titre à Londres en 2012 et personne ne pourra m’enlever toutes mes médailles gagnées durant ma carrière, mais maintenant je souhaite continuer ma vie, autrement, et montrer qu’il y a un entrepreneur, un homme qui sait s’épanouir autrement que par le sport. Aujourd’hui le sport est un plus, avec en point d’orgue, Paris 2024.
Vous êtes également coach et vous accompagnez des personnes dans la réussite de leurs objectifs. Quelle est votre méthode concrète de travail ?
J’accompagne essentiellement des chefs d’entreprise qui ont des projets à réaliser afin que ces derniers tirent le meilleur d’eux-mêmes pour les réaliser.
J’adapte ma méthode de travail en fonction des demandes qui me sont faites.
Si c’est une demande pour l’entreprise dans sa globalité, ce sont souvent des demandes de conférences, d’interventions devant un parterre de salariés. Dans ce cadre, je suis en capacité d’apporter, grâce à mon histoire, une vision, et réaliser une intervention inspirante pour les salariés.
Il y a également le travail individuel que je suis en mesure de réaliser avec les chefs d’entreprise. Par rapport à d’autres coachs, ma grande différence est que je propose un produit liant le sport et le mental, qui, j’en suis convaincu, sont indissociables.
Il est donc nécessaire que les gens qui recourent de la préparation mentale pratiquent également du sport car aujourd’hui nous connaissons les bienfaits du sport mais nous ne les prenons pas assez compte.
Je propose donc à des chefs d’entreprise qui souhaitent mener des projets de les accompagner sur l’aspect mental mais également physique, ces deux aspects allant de pair.