[Livre Performance Allyteams] Interview Patrice Garande - Football

18 mars | Actualités | Maximin DUMAS
[Livre Performance Allyteams] Interview Patrice Garande - Football | Allyteams

Ancien joueur de football professionnel passé notamment par l’AJ Auxerre et l’AS Saint-Etienne, Patrice a été deux fois meilleur buteur du championnat de France en 1984 et 1988, et a remporté les JO en 1984. Il entraîne aujourd’hui le club de Dijon.

Participation aux Jeux Olympiques 1984.
Médaille(s): 1 x or.

Patrice, vous avez été champion olympique avec l’équipe de France de football en 1984, quel souvenir en gardez-vous ?

J’en garde un magnifique souvenir, et ce pour plusieurs raisons. À l’époque, le monde du football et le monde de l’olympisme n’avaient aucun lien. Notre qualification pour les Jeux était un vrai évènement.

Sur le plan historique, c’était la première fois que des équipes professionnelles pouvaient participer aux Jeux olympiques, le but étant de concurrencer les équipes des pays de l’Est, et notamment l’URSS.

Il a alors été décidé pour les Jeux de 1984 que des joueurs professionnels participent à la compétition, à condition qu’ils n’aient pas participé à des matchs de qualification en coupe d’Europe, ou coupe du monde.

Sur le plan sportif, cela restera un magnifique souvenir car nous sommes la première équipe française, tous sports confondus, à décrocher une médaille d’or aux Jeux olympiques.

Enfin, sur le plan humain, la participation à des Jeux olympiques est une expérience exceptionnelle. C’est en participant aux Jeux que j’ai vraiment pris conscience que nous étions, en tant que footballeurs, des sportifs privilégiés et assistés par rapport à certains athlètes de sports individuels qui devaient tout gérer seuls.

J’ai eu la chance de côtoyer d’autres athlètes, notamment dans des sports individuels, de pouvoir assister à leur préparation, à leur compétition, de les voir revenir avec leur médaille et de pouvoir échanger avec eux, ce qui m’a permis de m’enrichir en tant qu’athlète et en tant qu’homme. J’ai eu la chance par exemple de voir Carl Lewis, cela restera de magnifiques souvenirs.

Est-ce que votre titre olympique a eu un impact sur votre carrière de footballeur ?

Oui, il y a un impact notamment sur le plan sportif parce que remporter un titre reste toujours quelque chose de particulier, vous le gardez à vie. De plus, à ce jour, nous sommes la seule équipe de France de football à avoir remporté ce titre, donc cela marque.

Il y a également un impact sur le plan personnel, car remporter un tel titre apporte à la fois de la fierté puis de la confiance pour la suite de la carrière. En 1984, j’avais 24 ans, ce fut une année riche pour moi car lors de cette même année j’avais terminé meilleur buteur du championnat de France de première division, et j’avais enchaîné sur le titre olympique. Cette année avait donc été très marquante et m’avait permis de gravir les échelons.

Pourquoi, à votre avis, dans le monde du football les Jeux olympiques n’ont pas la même importance que la coupe du monde, même si l’on constate de plus en plus de grands joueurs faire part de leur souhait de participer aux JO ?

Je dirais que le football est une mini société dans la société, que lorsqu’on est dans le monde du football, on a l’impression qu’il n’existe rien à côté. Un footballeur professionnel va côtoyer que des footballeurs professionnels la majorité du temps, c’est un monde qui n’est pas ouvert, ce qui conduit très souvent les footballeurs à ne pas être très ouverts aux autres et sur le monde.

Cependant, lorsque vous avez l’occasion de découvrir les Jeux olympiques avec d’autres valeurs que celles véhiculées dans le monde du football, et que vous prenez conscience de la dimension des Jeux olympiques, vous avez envie de le vivre car cette ambiance des Jeux je ne l’ai jamais retrouvée dans une autre compétition de football et je pense réellement que c’est une ambiance qui n’existe pas ailleurs. C’est d’ailleurs pour cela que Neymar voulait disputer et gagner cette compétition, que Mbappé et d’autres grands footballeurs souhaiteraient y participer. Au-delà du titre que cela pourrait apporter, je pense que c’est l’aventure humaine qu’ils veulent vivre. Vivre la cérémonie d’ouverture doit être un moment exceptionnel. Malheureusement, je n’avais pas pu y participer car nous étions délocalisés pour jouer les matchs de poule, c’est mon seul regret.

Vous êtes entraîneur depuis 1999 (Ligue 1 et Ligue 2). Est-ce que l’évolution des générations vous a contraint à évoluer dans votre façon d’entraîner ?

Sans hésiter, je répondrais oui. C’est une obligation, on ne peut plus entraîner aujourd’hui comme on entraînait avant, comme j’ai pu entraîner à mes débuts ou comme mes entraîneurs procédaient lorsque j’étais joueur.

Aujourd’hui, il y a une génération nouvelle et il faut être capable, en tant qu’entraîneur, de s’adapter. La première chose à faire à mon sens est de surtout ne pas se dire que « c’était mieux avant ». Je dirais qu’il faut vivre avec son temps, qu’il y a des choses qui sont sûrement moins bien aujourd’hui, mais d’autres qui sont mieux. La société a beaucoup évolué ces quinze dernières années donc le monde du sport et le monde du football ont également évolué.

Ces évolutions sociétales font que vous ne pouvez plus aujourd’hui gérer une équipe en étant directif, sans accepter la moindre communication. Cependant, en tant qu’entraîneur, l’aspect sur lequel je suis intransigeant, et qui est non négociable, est le fait que le club soit plus important que tout, que le collectif, que les individualités, l’entraîneur compris. Le respect de l’institution doit rester primordial.

C’est d’ailleurs peut-être la difficulté actuellement, on a l’impression, en France, que les joueurs sont plus importants que le club. Or, à aucun moment des individualités ne peuvent être placées au-dessus d’une institution, quel que soit le niveau du joueur ou son palmarès.

Si cette règle n’est pas respectée, alors vous ne pouvez pas entraîner. Si les joueurs prennent le pouvoir, commandent et font ce qu’ils veulent, cela se fera forcément au détriment de la performance.

En revanche, il faut avoir la capacité de s’adapter à l’ensemble de son groupe, ce qui n’est pas toujours aisé lorsque dans un même vestiaire vous avez des anciens et des jeunes joueurs, qui ont 16 ans, et qui viennent de signer leur premier contrat professionnel. Quand vous avez un groupe de 25 à 30 joueurs avec parfois des gens qui ont 20 ans d’écart, il faut être en mesure d’adapter son discours à chacun afin de tirer le meilleur de chaque individu, tout en étant fédérateur pour réussir à créer un vrai lien entre les joueurs, afin de tirer le meilleur de son collectif.

Pensez-vous que la performance individuelle existe dans un sport collectif ?

Oui bien sûr, car je pense que l’expression d’une équipe c’est la multiplication de performances individuelles. Cependant, il est nécessaire que la performance individuelle soit mise au service du collectif, c’est d’ailleurs ce qui est primordial car le football est un sport collectif mais c’est le sport le plus individualiste car les joueurs, pour la majorité, pensent d’abord à être performants à titre individuel. Il ne faut donc pas que cette volonté de performance individuelle se fasse au détriment de l’expression collective de l’équipe. C’est toute la problématique de l’entraîneur, réussir à associer des talents pour construire une équipe.

Il est donc possible d’avoir de grands joueurs dans une équipe, mais néfastes pour le collectif ?

Oui, c’est possible dès lors que l’était d’esprit de ce joueur n’est pas le bon. Cela revient à ce que j’évoquais précédemment s’agissant de l’institution qui doit être placée au-dessus du joueur, quel que soit le niveau de ce dernier. En tant qu’entraîneur, mon rôle est de faire comprendre au groupe que c’est l’équipe qui gagne et non pas un joueur, même si, aujourd’hui, certains joueurs sont très vite mis en lumière par rapport à d’autres selon le poste de jeu, et que la surmédiatisation et l’impact des réseaux sociaux ne facilitent pas la tâche de l’entraîneur lorsqu’il faut faire comprendre que la réussite individuelle passera nécessairement par la réussite collective.

À titre personnel, avez-vous déjà eu dans votre groupe un joueur au-dessus des autres mais qui aurait pu être néfaste pour le collectif et si oui, comment gère-t-on une telle situation ?

À Caen, nous jouions le maintien chaque année donc je ne peux pas dire que j’ai eu de joueurs au-dessus du lot, sauf N’Golo Kanté. Cependant, c’était un garçon plein d’humilité et toujours au service de l’équipe donc il était indispensable au collectif.

Je dirais que j’ai connu quelques difficultés avec des jeunes joueurs talentueux mais qui n’avaient pas le bon comportement, à la fois dans le vestiaire, mais également à l’extérieur. Il faut donc gérer ces situations et être intransigeant avec ces joueurs, tout en restant protecteur en raison de leur jeune âge.

Avez-vous déjà été contraint d’intervenir en raison de discordes ou de différends entre joueurs ?

Oui, cela m’est arrivé, car dans un groupe des désaccords et différends peuvent rapidement apparaitre, c’est humain. Je suis intervenu à chaque fois que j’ai senti l’équilibre du groupe menacé, et j’estime que c’est le travail d’un entraîneur d’anticiper cela pour ne pas intervenir trop tard.

J’ai toujours 4 ou 5 joueurs référents, avec lesquels j’échange régulièrement, au moins une fois par mois dans mon bureau. Cet entretien permet de discuter de divers sujets et d’avoir un retour du vestiaire.

Ce petit groupe de joueurs référents est composé de joueurs cadres et j’inclue toujours un jeune, le meilleur de mon effectif, pour qu’il y ait une relation entre les cadres de l’équipe etles jeunes, que pendant ces réunions les cadres puissent avoir conscience que les jeunes joueurs peuvent avoir de bonnes idées, une vraie conception du football, et parfois une vision pas si éloignée entre les générations même si, à 18 ans, on n’exprime pas ses idées et opinions comme à 35 ans.

Le fait d’avoir ces conversations régulières avec ces joueurs me permet d’anticiper d’éventuelles difficultés car quand vous avez un groupe de trente joueurs il est normal que tout le monde ne puisse pas s’entendre. En revanche, il est important qu’il n’y ait pas de clan afin que le vestiaire ne soit pas déstabilisé.

Comment s’articule le rôle du capitaine par rapport à ce petit groupe de joueurs ?

Le capitaine est bien sûr membre de ce groupe de joueurs. Ce qui est important pour moi avec ce groupe de joueurs, c’est la transmission de notre discussion qu’ils réalisent auprès des autres joueurs de l’équipe. Je sais parfaitement que les joueurs ne vont pas faire d’eux-mêmes une réunion pour transmettre mes propos, mais que les anciens vont discuter avec les anciens, et que le jeune qui faisait partie du petit groupe va retranscrire, avec ses mots, mes propos aux jeunes de l’équipe. L’objectif est que le message passe et que tout le monde le reçoive.

Le rôle du capitaine lui est différent, car il a un rôle au quotidien. Le capitaine doit être un leader qui montre l’exemple. Il y a plusieurs types de capitaines, et c’est important, lorsqu’un entraîneur fait son choix, de réfléchir au type de capitaine qui conviendra à l’équipe.

À Caen, j’avais un capitaine qui n’était pas quelqu’un qui s’exprimait beaucoup, mais c’était un leader sur le terrain, dans le jeu, respecté par tous. Il n’aimait pas prendre la parole et le faisait seulement quand c’était nécessaire.

Un capitaine n’est pas forcément le meilleur joueur de l’équipe mais c’est une personne qui, par sa présence, rend l’équipe différente.

Vous est-il arrivé d’être en désaccord avec les objectifs du club fixés par la direction ?

Non, car dans mon cas l’objectif en Ligue 1 était le maintien, et il n’était pas possible d’être en désaccord avec cet objectif.

Lorsque j’étais à Caen, seuls deux clubs bénéficiaient d’un budget inférieur au nôtre donc il était évident que l’objectif ne pouvait être que le maintien.

En revanche, les mots sont importants lors de la fixation des objectifs. Quand je suis arrivé à Caen, l’objectif était de pérenniser le club en Ligue 1 pendant cinq années de suite.

C’est seulement lorsqu’un club s’installe durablement qu’il peut espérer voir son budget grossir petit à petit. Je me suis donc appuyé sur cet objectif pour faire passer mes messages aux joueurs. Je n’employais jamais le terme « maintien » avec eux, mais je leur expliquais que l’objectif était d’installer durablement le club en Ligue 1 et que nous devions travailler sur le long terme.

À mon sens, le terme « maintien » est limitant et négatif, utiliser ce terme en début de saison ne me plaisait pas car il augure d’une saison « galère ».

Je disais donc que l’objectif du club était de réaliser la meilleure saison possible pour progresser et faire progresser le club, même si on savait très bien que nous ne jouerions pas le top 5. Quand vous êtes à Caen, vous savez que vous n’allez pas gagner trente matchs sur trente-huit journées et que vous allez connaître des périodes compliquées avec un, deux voire trois mois sans victoire.

En revanche, si vous annoncez l’objectif maintien en début de saison, que vous faites une bonne saison, et qu’à dix ou quinze journées de la fin du championnat vous avez acquis le maintien, il y aura forcément une décompression totale. En ayant pour objectif de rester en Ligue 1 et d’obtenir le meilleur classement possible, on limite cette phase de décompression.

Je suis donc toujours vigilant aux mots que j’emploie dans mon management car les mots sont primordiaux, j’essaie de toujours trouver les termes en adéquation avec mon management, les joueurs sont très réceptifs aux mots employés.

Comment le recrutement était géré à Caen et avez-vous parfois été en désaccord avec les choix effectués ?

C’est un vaste sujet sur lequel je pourrais longuement m’exprimer.

Initialement, lorsque je suis arrivé à Caen, nous avions un fonctionnement à trois têtes. Je travaillais avec le Président du club ainsi que le Directeur Sportif.

Je m’occupais du recrutement avec le Directeur Sportif. Il n’y a pas un joueur qui venait sans mon accord. Nous travaillions de manière très basique, on organisait des réunions lors desquelles nous sélectionnions des profils de certains joueurs, en fonction des besoins sportifs et de nos possibilités financières. Une fois les profils sélectionnés, le Directeur Sportif s’occupait d’établir des contacts avec les agents de ces joueurs, et j’intervenais simplement à la fin, pour appeler le joueur, lorsque le Directeur Sportif m’indiquait que la transaction pouvait aboutir.

Cet appel au joueur était primordial. Il est essentiel, pour qu’un joueur s’épanouisse, qu’il soit en accord avec la vision de l’entraîneur et de son projet. De mon côté, cet appel me permettait de cerner un peu plus le joueur et de comprendre ses attentes.

Nous avons créé, pendant plusieurs années, un réel équilibre en travaillant comme cela.

Puis, lors de ma dernière année à Caen, nous avons été quatre à nous occuper du recrutement car un Directeur Général est arrivé. Cette personne a mis sous tutelle le Directeur Sportif et notre équilibre n’était plus. Des joueurs sont arrivés au club sans que je donne mon aval, je me suis donc retrouvé avec un effectif qui ne correspondait pas à ce que j’aspirais, avec des joueurs qui n’entraient pas forcément dans mes schémas de jeu.

À ce moment-là, en tant qu’entraîneur, vous avez deux solutions. Soit vous quittez le club, soit vous vous dites que vous allez tout de même réussir à maintenir le club et que vous ferez le bilan à la fin de la saison.

De manière générale, l’organisation du recrutement dépend du fonctionnement du club, de sa notoriété, de son budget, donc ce que je vous explique était propre à mon club.

Est-ce que le recours à la vidéo a conduit à l’évolution du métier d’entraîneur ?

Oui, indéniablement, la vidéo s’est imposée au fil des ans pour devenir aujourd’hui indispensable.

La vidéo permet de gagner énormément de temps. Nous pouvons regarder tous les matchs, les analyser, les disséquer, réaliser des montages à destination des joueurs, etc.

Nous faisons également ce travail avec notre propre équipe, tant sur des phases de jeu positives que négatives. Cela permet de mettre une image sur les éventuels progrès ou lacunes. L’image est parlante, c’est sa force.

Parfois on peut avoir une discussion avec un joueur, sur son jeu, ses points forts ou ses lacunes, le joueur peut ne pas être d’accord et la discussion peut être vaine. La force de l’image est qu’elle évite tout débat car elle permet de constater les erreurs. Alors qu’il y a toujours une difficulté avec la compréhension des mots, car nous ne savons jamais comment ils peuvent être compris, et que cette compréhension est propre à chaque joueur, l’image, elle, ne peut être perçue que d’une façon.

Cependant, cela ne veut pas dire que l’image remplace la communication. Il faut s’appuyer sur les mots pour accompagner l’image.

Comment faisiez-vous les montages ?

À Caen, je travaillais sur le contenu des montages avec mon adjoint. On choisissait le thème du montage, ce qu’on souhaitait présenter dans ce montage et, lorsque les séquences étaient choisies, mon adjoint travaillait avec un analyste vidéo pour la réalisation du montage. Une fois celui-ci réalisé, il m’était présenté et nous faisions des modifications si cela s’avérait nécessaire.

Généralement, pour une présentation du futur adversaire, ressortaient du montage les points forts, les points faibles, l’animation du système de jeu et le jeu sur coup de pied arrêté. L’objectif était de réaliser des montages complets mais les plus courts possibles, car la capacité de concentration des joueurs sur ce type de montage n’est pas supérieure à dix minutes.

Pour être certain que tous les joueurs aient bien en tête les points essentiels de l’adversaire, j’avais mis en place un fonctionnement particulier.

Lorsque nous jouions le samedi, je voulais que dès le mardi précédant le match le montage soit prêt. Ce montage, je le diffusais en boucle dans la salle de musculation et d’étirement pour que les joueurs puissent le voir à plusieurs reprises, à différents moments de la journée et de la semaine, pour que, petit à petit, ces images entrent dans la tête de chacun. Puis, la veille du match, on le présentait à toute l’équipe avec mon adjoint, en l’agrémentant de nos commentaires.

Hormis l’évolution de la vidéo, quelles évolutions ont été positives ?

Je dirais que la préparation physique a énormément évolué. Grâce à la technologie et à tous les outils aujourd’hui à notre disposition, nous pouvons récupérer et analyser de nombreuses données sur les joueurs et les exploiter au mieux.

À mon époque, lorsque j’étais joueur, nous faisions tous la même préparation physique, quel que soit notre poste.

Aujourd’hui, la préparation physique est vraiment adaptée à l’individu et, avant le début d’une préparation, chaque joueur réalise des tests pour que la préparation qu’il va devoir suivre soit parfaitement adaptée à ses capacités. Ces évolutions ont été positives car elles permettent une meilleure progression de chaque joueur.