[Livre Performance Allyteams] Interview Thierry Soler - Chef du Pôle Performance INSEP

18 mars | Actualités | Maximin DUMAS
[Livre Performance Allyteams] Interview Thierry Soler - Chef du Pôle Performance INSEP | Allyteams

Après avoir pris les commandes de la direction technique nationale (DTN) de la Fédération française de football américain, puis de la Fédération des sports de glace, il occupe depuis 2017 le poste de Chef du Pôle Performance de l’INSEP.

Thierry, pourriez-vous nous expliquer en quoi consistent vos fonctions de Chef du Pôle Performance de l’INSEP ?

Avant de vous expliquer mes fonctions de Chef du Pôle Performance, il est important de bien comprendre comment est organisé ce Pôle. Le pôle performance de l’INSEP, composé d’une centaine de personnes, regroupe quatre unités différentes.

Deux laboratoires de recherche, un en épidémiologie « l’IRMES », regroupant environ six chercheurs et le même nombre de doctorants qui travaillent sur des sujets portant sur l’estimation du risque de blessure, l’impact du sport sur la santé, la longévité de la population et plus particulièrement la population sportive, etc.

Nous avons un second laboratoire « Sport Expertise et Performance », regroupant une quinzaine de chercheurs, deux ingénieurs de recherche et une quinzaine de doctorants. Ce laboratoire est construit autour des sciences du sport (physiologie, biomécanique, psychologie, neurophysiologie, sommeil, nutrition, récupération etc.) dont les axes de recherches portent prioritairement sur 3 thèmes : l’optimisation de la performance, la prévention de la blessure et l’équilibre de vie.

Nous avons également une unité d’accompagnement à la performance composée d’une quinzaine de personnes qui ont pour mission, au quotidien, de soutenir les staffs et les athlètes dans leurs projets de performances. Ce sont notamment des préparateurs physiques, nutritionnistes, psychologues, des spécialistes de l’athlétisation préventive et de la ré-athlétisation lors du parcours de retour de blessures.

Enfin, nous avons une unité de développement et d’innovation numérique d’une vingtaine de personnes. Cette unité regroupe les personnes travaillant sur la construction de la base de données relative au suivi administratif des sportifs ainsi qu’au suivi des entraînements avec la connexion des cardio-fréquence mètres et des GPS sur une plateforme de management et de suivi à long terme de l’athlète permettant d’avoir une vision la plus globale possible de l’athlète, à la fois sur ce qui se passe sur le terrain mais également dans son environnement.

En qualité de Chef du Pôle Performance, mon rôle est de m’assurer qu’il y a une cohérence collective à la fois au sein du Pôle mais également avec les autres pôles de l’INSEP, c’est-à-dire le Pôle Haut Niveau, le Pôle Formation et le Pôle Médical. Je dois donc veiller à ce que le travail effectué au sein du Pôle Performance s’instaure dans le projet global de l’établissement, en collaboration avec les autres pôles.

Y a-t-il une définition de la performance propre à l’INSEP ?

Il y a en effet une posture propre à l’INSEP s’agissant de la performance car nous sommes en soutien des fédérations, à leur service.

Nous ne nous substituons pas aux directions techniques des fédérations qui sont maîtres du jeu quand elles viennent s’installer pour utiliser les installations et s’appuyer sur les ressources de l’INSEP.

Dans cette logique d’être au service des fédérations, l’objectif de l’INSEP est de permettre aux sportifs d‘atteindre leur plus haut niveau de performance, en étant toujours facilitant et de bons conseils par rapport à leurs stratégies de performance et au potentiel de leurs athlètes.

Les fédérations ont donc librement accès aux installations de l’INSEP ?

Oui, à l’INSEP, il y a 23 disciplines olympiques, issues de 19 fédérations qui s’entraînent sur le site. Elles ont toutes des installations dédiées et sont autonomes pour organiser les créneaux d’entraînements comme elles le souhaitent en termes d’horaires mais également de volume d’entrainement et de présence de leurs entraîneurs sur site.

Ces fédérations ont d’ailleurs signé une convention pluriannuelle avec l’INSEP et bénéficient d’un suivi quotidien.

L’INSEP fournit un service à la fois autour de l’entraînement (installations et compétences), mais aussi un service autour de la formation du sportif car nous avons un lycée intégré avec un internat. Les élèves ont cours sur le site ce qui leur permet de ne pas sortir et d’alterner facilement et rapidement entre moment d’études, entraînements, récupération et de soins.

Cette unité de lieu facilite grandement l’organisation, pour les fédérations, du rythme de vie du sportif.

Comment sont sélectionnés les sportifs qui intègrent l’INSEP ?

Ce travail est réalisé en relation avec les fédérations. Ce sont les fédérations qui sont le maître d’œuvre de leur projet de performance, l’INSEP vient en conseil et soutien.

Il y a une commission chaque année au mois de mai, qui a pour objectif de définir la liste des sportifs que les fédérations souhaitent voir intégrer à l’INSEP. Pour certaines fédérations, c’est l’équipe olympique qui prépare les Jeux olympiques et paralympique à venir (Paris 2024) et pour d’autres, ce sont plutôt des jeunes sportifs à fort potentiel qui sont inscrits sur listes ministérielles « relève » qui préparent les Jeux olympiques suivant (Los Angeles en 2028). À titre d’illustration, pour le basket masculin et féminin, ce sont les équipes de France jeunes qui sont à l’INSEP, donc c’est un pôle qui va assurer la formation et la préparation des meilleurs jeunes français pour assurer le meilleur niveau aux compétions internationales jeunes et aussi de les accompagner vers le système sportif professionnel. Ici, la partie haute de l’iceberg est plus directement gérée par les clubs professionnels de la discipline.

En revanche, pour des disciplines comme l’escrime et le judo la grande majorité des sportifs olympiques sont au quotidien à l’INSEP.

Est-ce que l’obtention des Jeux olympiques 2024 par la France influe sur la politique de performance au sein de l’INSEP ?

Oui bien sûr, car le fait l’obtenir les Jeux olympiques en 2024 a donné un élan et une certaine responsabilité sur la qualité des services à la performance de l’INSEP.

Nous avons donc la volonté d’anticiper les besoins et de former des personnels afin de répondre au mieux à ces besoins inhérents à la démarche de performance de chaque fédération.

Pour cela, il y a un travail qui est mené avec l’Agence Nationale du Sport (ANS) qui a vu le jour en avril 2019, afin de mutualiser les efforts et de permettre un accompagnement des fédérations le plus efficient possible.

La création de l’Agence Nationale du Sport a donc un impact positif sur l’INSEP ?

Nous sommes encore dans une phase de consolidation de l’organisation car l’ANS a été créée récemment.

Sur notre secteur, l’ANS a un rôle de définition des axes stratégiques du sport de haute performance et d’attribuer les moyens humain et financiers aux fédérations pour soutenir leur projet de performance fédéral. Nous travaillons donc en collaboration étroite avec l’ANS sur différents sujets pour qu’il y ait une cohérence entre, les actions très opérationnelles de l’INSEP, car nous sommes au quotidien avec les entraîneurs et les sportifs, et les actions plus stratégiques et organisationnelles de l’ANS.

Est-ce que la politique de performance au sein de l’INSEP a évolué postérieurement au rapport de Claude Onesta, rendu en janvier 2018, et dont le titre était « Viser la haute performance pour réussir les Jeux de 2024 » ?

Il y a eu des évolutions à l’INSEP car la création du Pôle Performance que je pilote est récente, il existe depuis quatre ans. Il y a cette volonté de mettre un accent spécifique et particulier sur les différents facteurs de la performance.

On intervient sur des facteurs psychologiques, physiques, environnementaux du sportif et essayons d’avoir la vision la plus globale possible des services à apporter aux sportifs à leur encadrement.

Je dirais donc que cette dynamique est née avant la publication du rapport de Claude mais que le rapport nous renforcé dans notre démarche holistique.

Il y a une dynamique collective et une volonté de mettre les gens en résonance, et c’est pour cela qu’il y a aussi tout un travail et une organisation autour des établissements du « réseau Grand INSEP ».

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste le « réseau Grand INSEP »  ?

Le « réseau Grand INSEP », a pour objectif est de mettre en place un pilotage partagé et cohérent entre les établissements reconnus, tels que les CREPS ou les écoles nationales et les centres nationaux de fédération. L’objectif est d’amener une vision globale et longitudinale sur l’accompagnement du sportif, d’un Pôle espoir de CREPS jusqu’au plus haut niveau, dans les Pôles olympiques de l’INSEP, toujours dans l’objectif d’avoir une organisation qui facilite et permette aux sportifs d’atteindre leur plus haut niveau de performance.