Pourquoi les entreprises recrutent des sportifs de haut niveau

24 juillet | Actualités | Fanny RENOU

Par Christine Lagoutte . Article publié le 18/04/2015 sur le site du Figaro (lien).  


Pourquoi les entreprises recrutent des sportifs de haut niveau


Dans la perspective des JO de Rio en 2016, plusieurs sociétés françaises embauchent des médaillés potentiels, et les conseillent dans leur reconversion.

Dans 475 jours tout juste, le monde entier aura les yeux rivés sur le Brésil et ses Jeux Olympiques d'été. La préparation des athlètes français bat déjà son plein et, en coulisses, les entreprises sont sollicitées pour donner un coup de pouce financier à des médaillés olympiques potentiels et anticiper leur reconversion professionnelle. 

A ce jour, 62 entreprises (AG2R La Mondiale, La Poste, Vivasanté, Ippon, GL Events, Cegid, Française des jeux, EDF, GDF Suez…) ont déjà accepté de signer avec des athlètes un contrat d'insertion professionnelle (CIP) ou de prestation d'image, accompagné d'une clause relative à l'insertion professionnelle. Plus de 86 contrats ont déjà été ratifiés, l'objectif du ministère étant de parvenir à 158 signatures au total.

La RATP est engagée depuis plus de trente ans dans ce type de programme. «Chaque athlète est un cas atypique, mais tous ont un point commun: ils doivent avoir réfléchi et mûri leur projet», précise Nicolas Martin, son responsable des partenariats sportifs. Pour Rio 2016, la RATP espère accompagner entre six et huit athlètes en escrime, judo et handisport.

Favoriser l'intégration du sport de haut niveau dans l'entreprise, est une bonne chose pour Jean-Pierre Karaquillo. L'avocat, cofondateur du Centre de droit et d'économie du sport de Limoges, milite pour que les sportifs de haut niveau se forment tout au long de leur vie. «L'après-carrière sportive, ils n'y pensent quasiment jamais. Pas étonnant qu'il y ait autant de situations catastrophiques et que d'anciens sportifs de haut niveau vivent dans des conditions matérielles et sociales délicates», explique-t-il. Et de rappeler que «quatre sportifs de haut niveau sur dix gagnent moins de 500 euros par mois». 

Dans son rapport sur le statut des sportifs, remis en février à Thierry Braillard, le Secrétaire d'Etat aux sports, il préconise une quarantaine de mesures pour faciliter le travail en entreprise des athlètes, leur garantir une couverture «accidents du travail» avec prise en charge par l'État en cas de blessure et, surtout, préparer l'après-carrière. Une proposition de loi est prévue en 2015.

Gestion du patrimoine

C'est d'ailleurs pour lutter contre l'échec professionnel des anciens champions que les entreprises se mobilisent. Engagé depuis dix ans dans le sponsoring du rugby, Axa déploie avec Provale, l'Union nationale des joueurs professionnels, des formations aux métiers de l'assurance et de la banque. «Quarante anciens joueurs de l'élite du rugby français travaillent ou ont travaillé dans le groupe, parmi lesquels Jean-Pierre Bastiat, Patrice Lagisquet et aujourd'hui Thomas Castaignède ou Lionel Faure», se félicite Éric Lemaire, ancien rugbyman amateur et directeur de la communication d'Axa France.

Une reconversion réussie rime aussi avec une bonne gestion de son patrimoine. Depuis près de quinze ans, l'Union financière de France (UFF) développe une démarche de conseils en gestion de patrimoine pour les athlètes professionnels, à chaque étape de leur vie. «Notre action démarre dès les centres de formation», insiste Christian Hubert, ancien handballeur professionnel, aujourd'hui directeur de l'UFF Sport Conseil. Il conseille plus d'un millier de sportifs de haut niveau, dont 33 clubs, dans le football, le basket, le hand, le volley ou la natation. Il déploie aussi un partenariat de longue date avec l'Insep. Objectif ? Donner à chaque sportif, y compris les plus jeunes, les bons réflexes en matière de prévoyance, de gestion budgétaire ou d'optimisation fiscale. «Nous veillons par exemple au bon équilibre entre leurs engagements de crédit à long terme et l'évolution de leurs revenus», explique-t-il.